« Chaque fois que je prends la parole, je me lance comme si c’était la dernière chose que j’allais faire sur terre »
Il y a trois ans à peine, elle arrive simultanément sur la scène du slam et de l’art oratoire. Très vite, l’étudiante en management, s’épanouit et fait scintiller un éclat éblouissant, raflant une multitude de trophées et mettant d’accord tous ceux qui la découvrent. EkinaMag a rencontré Abidé AGUIM, la lauréate des Joutes verbales francophones, du Trophée KAYI DOGBE de l’excellence féminine, des Rencontres Internationales D’éloquence et de Débat Francophone (RIDEF). Lecture :
Qui est Abidé Aguim?
Je suis étudiante en management et gestion des entreprises à l’ESAG-NDE. Je suis née le 04 juillet 2002 à Kara dans la Kozah. Mon papa est Directeur de projet dans une institution de la place et ma maman, Directrice d’école. Nous sommes trois filles dans la famille et je suis la benjamine.
J’ai fait mes études primaires et secondaires dans une institution privée ici à Lomé, avant de poursuivre au collège Protestant d’ Agbalépedogan où j’ai décroché mon BAC D en 2019.
J’ai grandi avec mes deux parents qui accordent beaucoup d’importance à l’éducation. Du coup, il fallait absolument prendre les études au sérieux. L’accompagnement à la maison était tout aussi strict et on avait la chance que nos parents nous aident beaucoup pour les exercices et devoirs d’école. Même jusqu’alors pour passer mes différents concours, dès que je reçois le thème, j’en discute avec ma famille, surtout mon père qui m’aide beaucoup à trouver les bonnes idées.
Après mon BAC, j’ai opté pour le management comme je l’ai souligné plus haut. Parallèlement à mes études, j’ai créé mon blog par lequel tout a démarré et j’ai ainsi commencé à développer ma passion pour l’art en général et le slam en particulier.
Parlez-nous des différents prix qui ont récompensé votre grand talent ?
La liste de mes prix est longue … J’ai commencé en Décembre 2019 avec du slam. J’ai remporté la catégorie « Slam » du concours « Milé Top Retrouvailles Universitaires ». Ensuite suivra les « Joutes verbales 2020 » où j’ai juste été « Révélation de l’année ».
En 2020, j’ai participé également au concours « Slam Covid » de Kaporal Wisdom dont j’étais la lauréate. J’ai représenté le Togo à la « Coupe d’Afrique d’art oratoire » en ligne, du Gabonais Charly Tchatch où j’étais demi-finaliste. J’ai remporté aussi le Grand Concours d’art oratoire du « Club Unesco de l’Université de Lomé ».
J’étais également lauréate de la catégorie « Slam » du concours « Défi citoyen » du Ministère des droits de l’homme, la troisième lauréate du concours « Calebasse Challenge » ; championne du concours de slam de l’émission « La Poz » de la Télévision Togolaise ; vice-lauréate des coups de cœur du Jury du « Championnat national de Slam » ensuite finaliste du concours international de slam « A vous la parole ».
Mon équipe et moi avons remporté la catégorie « Débat » du « Championnat Universitaire d’Art Oratoire de Jeune Chambre Internationale Universitaire de Lomé (JCI-UL), 2021. J’ai été vice championne et coup de cœur du jury du « Championnat National de Slam 2021 » de l’association « Slam Is Love ».
Et aujourd’hui la lauréate des « Joutes verbales francophones » ainsi que du « Trophée KAYI DOGBE de l’excellence féminine », sans oublier les « Rencontres Internationales D’éloquence et de Débat Francophone (RIDEF) » que j’ai gagné par ailleurs, cette année.
Félicitations pour ce riche palmarès qui force l’admiration. Dites-nous, comment en êtes-vous arrivé là ?
Je suis passionnée d’art en général, d’art oratoire et du slam en particulier. J’avais déjà vu des jeunes filles à la télé prendre la parole avec aisance et je me suis demandée si je pouvais être éloquente et faire comme elles.
Alors j’ai décidé de me lancer pour savoir. Si on a envie de faire quelque chose, il faut le faire. Comme on le dit souvent, pour vaincre ses peurs il faut les affronter. C’est comme cela que je me suis lancée et j’ai découvert que j’avais quelque chose à donner en ayant les retours des gens sur mes prestations. Mais ce que j’ai encore plus compris est qu’il faut travailler car dès le début ce n’était pas facile alors j’ai continué par travailler afin de me démarquer.
J’ai participé aux joutes verbales francophones trois fois de suite. Ce n’était pas facile. La première année, j’ai été sacrée « Révélation de l’année », ce qui prouvait que j’avais quelque chose à offrir. La seconde fois, j’étais finaliste puis en 2022 j’ai décroché le trophée afin de prouver que toutes les expériences que j’ai acquises durant les deux précédentes éditions, je les ai mises en pratique. J’ai travaillé en coulisse avec nos coaches et juges, cela a été une magnifique aventure.
Beaucoup de détermination et de fougue dans vos prestations, est-ce de votre nature ou fruit de la passion ?
Il est important de préciser que lorsque vous parlez, il faudrait que l’on sente que c’est une question de vie ou de mort. A chaque prestation, je me dis qu’il faudrait que l’on comprenne le fonds de mes propos et pour s’y faire, il faut y mettre de la vie comme j’ai tendance à le dire. Cela ne s’explique pas, cela se vit. Lorsque je prends la parole, je me lance comme si c’était la dernière chose que j’allais faire sur terre.
Vous êtes blogueuse, slameuse…avez-vous d’autres passions ?
Il y a un blog que j’ai créé depuis 2019 que je dirige, c’est d’ailleurs par-là que tout a commencé. Je suis artiste slameuse. Je m’intéresse aussi au cinéma. Grâce à un ami, j’ai joué dans deux films de festivals l’année dernière et c’était très intéressant. J’adore aussi la photographie bref je suis passionnée d’art en général même si je suis plus accrochée à certains auxquels j’ai accès qu’à d’autres. Mais dès que j’en aurai l’occasion, je n’hésiterai pas à me lancer dans les autres.
Où doit-on espérer Déborah AGUIM dans les années à venir ?
Mon rêve est grand. Aujourd’hui Abidé AGUIM n’est plus une petite fille. La réussite que je convoite, c’est de pouvoir concilier ce que j’étudie de manière professionnelle et la passion que j’ai. J’étudie le management et ce qui est bien en cela est que le management intervient dans tout.
Je voudrais avoir une carrière d’artiste et faire connaître le slam togolais, le slam féminin principalement au monde entier, toucher à tous les domaines d’art que je veux et surtout partager tout ce que j’ai eu à gagner comme expérience durant toutes ces compétitions, tous ces parcours, avec les plus jeunes et tous ceux qui m’écrivent.
Devenir la personne qui aura impacter beaucoup de personnes, qui aura aidé d’autres à réaliser leurs rêves d’orateurs, voilà mon plus grand souhait.
Qui sont ces personnes qui vous soutiennent et vous encouragent à aller plus de l’avant ?
Ma famille principalement. Je suis particulièrement honoré du soutien de mes parents qui me boostent et s’intéressent à tout ce que je fais et qui ne cessent de me motiver, de m’aider, de m’apprendre chaque jour quelque chose de nouveau.
A part eux, il y a mes amis, toutes ces connaissances qui m’encouragent, m’envoient des messages de motivation et comme on le dit, l’énergie positive de toutes ces personnes que nous avons autour de nous comptent beaucoup.
Alors je suis vraiment fière de toute cette marée de soutiens et que ceux qui croient ainsi en moi sachent que je ne vais pas les décevoir, je vais continuer à les rendre fiers.
Vous avez certainement eu assez de difficultés tout au long de votre parcours…
La principale difficulté est liée à la conciliation de l’étude et l’art. Il faut absolument rassurer les parents en ramenant à la maison des résultats probants. Mes parents sont des éducateurs et ils tiennent à ce que je ne néglige pas l’école. Je suis dans une université privée et on a des cours du matin jusqu’au soir . Je participe à beaucoup d’ateliers puisqu’il faut que je me perfectionne et je m’entraîne beaucoup à la maison. Il fallait donc pouvoir concilier tout mais aujourd’hui je suis particulièrement contente d’avoir réussi à faire mes études et de poursuivre ma passion. Il faut des sacrifices, des nuits blanches, se réveiller tôt.
Avez-vous un mot à dire à tous ceux et à toutes celles qui veulent être comme Abidé AGUIM ?
N’écoutez pas les autres parce qu’ils auront toujours quelque chose à dire. Osez rêver, croyez en vos rêves et surtout sachez que vous avez la capacité de les réaliser. Commencez, travaillez, persévérez et priez beaucoup! Merci pour tout le soutien.
Interview réalisée par Séyram Kossivi