La vie l’a contrainte à traverser une épreuve terrible. Victime de poliomyélite, FLAGBO Akofa n’a pas retrouvé un de ses membres et est devenue une personne en situation de handicap. Mais loin d’en faire une raison de se résigner, elle en a fait une raison de plus, de se battre et d’y croire. Croire en son destin et surtout le construire, c’est ce qu’elle a réussi à faire. Et elle aide d’autres jeunes et femmes à se relever et à s’épanouir. C’est une jeune dame courageuse et trépignante qu’EkinaMag a rencontrée. Lecture :
Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis FLAGBO Akofa Gloria, née le 29 Mai 1986 à Gboto –Zeve, préfecture de Yoto. Artisane et entrepreneure sociale. Je suis responsable de la société URIM et THUMMIM CREATION, spécialisée dans la fabrication des accessoires de mode, des produits cosmétiques, du pagne Batik et du Bazin. Nous intervenons également dans la transformation agro-alimentaire.
Quels sont les domaines dans lesquels vous êtes formés ?
À l’Université, j’ai fait la sociologie politique et communication. Je me suis arrêtée en 2ème année, faute de moyens financiers.
Je me suis fait également former dans les domaines d’artisanat tels que les accessoires de mode, la cordonnerie, le perlage, la décoration. J’ai aussi appris à fabriquer les produits cosmétiques, le batik design et teinture des bazins riches. J’ai suivi une formation en argilo thérapie.
En dehors de ces formations, j’ai étudié le marketing de réseau dans l’institut MMA sis en France et les réseaux sociaux à l’Université de BYU PATHWAY.
Vous êtes une personne en situation de handicap et pour vous, le handicap n’est pas un obstacle
Je suis en bonne santé et c’est un pied qui est endommagé et non tous les sens dont l’univers m’a doté. Ma mère m’a très tôt enseignée, heureusement, que je suis une personne de grande valeur et que je suis dotée des capacités immenses. Elle m’avait montrée que de grandes responsabilités m’incombent et que je devrais utiliser mes talents pour changer ma vie et impacter celle des autres.
Parlez-nous de votre passion pour le social
Très jeune, j’ai toujours la passion d’aider ma communauté et aussi de faire du bien autour de moi. J’ai vite rejoint des associations humanitaires d’entraide. Déjà à l’age de 17 ans, j’ai créé avec mes camarades de classe une association dénommée « Association des jeunes engagés pour le développement action plus », et on organisait les concours et conférences sur le leadership en milieu scolaire.
Je suis aujourd’hui vice -présidente de l’association Vie productive et du concept Paradis des femmes dont le bureau est à Lomé Amadahome, non loin du Lycée technique d’Adidogome. Nous offrons des fournitures scolaires aux enfants dans deux établissements publics à Amoussime (aklobikondji Yoto) et Manemakou (canton de tometikondji Yoto).
Parlez-nous de votre rôle en tant que formatrice
J’ai formé déjà plus 3000 femmes et jeunes du Sud jusqu’au Nord du Togo, en côte d’Ivoire, Burkina, au Niger, au Ghana, en RD CONGO, dans les différents domaines de l’artisanat que j’embrasse. J’encadre les femmes, jeunes filles sur le leadership, santé sexuelle, entrepreneuriat, j’accompagne les femmes en milieux ruraux en les formant et je cherche des partenaires financiers pour les accompagner (les femmes du village d’Agou nyogbogan , de gboto-zeve, Agodome et à Dapaong).
Je guide des femmes qui ont perdu confiance en elles à se lever et à trouver la raison d’être. Je tends la main à celles qui n’ont pas de rêves, je les aide de mon mieux à en avoir et à y travailler. Je crois en un avenir meilleur si on travaille dur et intelligemment. On peut surtout donner même si on n’en a pas besoin. Tout le monde a une mission dans cette a accomplir.
Dix-huit (18) mois dans l’humanitaire au Congo Brazzaville et Kinshasa. Racontez-nous cette aventure !
Le volontariat dans le service humanitaire et évangélique que j’ai effectué dans les deux Congo ont été l’université de ma vie. J’ai eu beaucoup d’expériences positives. C’est là j’ai appris aussi a dépasser vraiment la mentalité selon laquelle : « tu es handicapée, tu ne peux pas faire ça tu ne peux pas faire ci », c’est faux. Au cours de cette mission, j’ai eu à côtoyer beaucoup de jeunes de différentes nationalités (USA, UE) et d’autres pays africains. J’ai appris et appliqué les vertus humaines, le partage, la compassion, la gentillesse, la charité, l’amour, le sourire. Bref des choses qui changent réellement la vie des gens de façon positive et surtout qui allègent leur fardeau. J’ai appris à penser plus à d’autres, à leur bien-être. Il y a eu des difficultés aussi (rire) mais la positivité a pris le dessus. J’avais fini ma mission avec honneur et j’ai bien représenté mon pays et ma famille. Et beaucoup sont étonné que j’ai tenu bon jusqu’à la fin des 18 mois.
Aujourd’hui, vous êtes à la tête d’un grand réseau de marqueteurs . On aimerait en savoir plus.
Dès l’aube des temps, tout se fait en réseaux. La famille est un réseau. Le gouvernement c’est un réseau, même à l’école on a le titulaire de classe, le major etc. Pour réussir dans la vie, seul on ne peut pas. Le 21e siècle exige que nous travaillions en réseau. J’ai lancé mon entreprise des accessoires de mode et du cosmétique depuis 2014, cela me rapportait juste ce qu’il me faut pour mes besoins. Mais c’était insuffisant. L’une de mes passions est la lecture. J’aime lire et suivre des vidéos de motivations et de développement personnel. De mes lectures, j’ai puisé l’énergie nécessaire pour ajouter un plus dans ma vie. Et là j’ai décidé de me lancer dans le marketing de réseau. Il s’est avéré important de trouver une bonne compagnie et surtout comprendre le système de fonctionnement. J’ai 800 partenaires en 2 ans repartis dans le monde grâce aux media sociaux (Facebook, WhatsApp business et tiktok). J’accompagne les jeunes à créer leur propre entreprise, à faire la promotion de leurs produits via les applications Facebook et Instagram et surtout à rentabiliser leur forfait. J’ai commencé mon activité avec très peu de moyens et aujourd’hui je suis à un revenu plus que satisfaisant. Et c’est un plaisir de voir plein de jeunes autour de moi qui font mieux. Je forme tous ceux qui intègrent mon réseau sur le digital.
Vice-présidente de l’association VIE PRODUCTIVE et du concept PARADIS DES FEMMES, quelles sont les actions que vous menez dans ce cadre ?
L’association VIE PRODUCTIVE a pour but, la promotion de la bonté, la beauté et la dignité de la femme. Nous réalisons cela par diverses manières nous mettons plus l’accent sur l’autonomie temporelle et spirituelle de la femme. .Et le concept PARADIS DES FEMMES dont le bureau est à Lomé est l’une des initiatives de l’association qui s’occupe de la formation, des conseils sur la sante et le bien-être de la femme.
Si vous avez un conseil à donner aux jeunes filles, ce sera laquelle ?
Craignez Dieu ! Si vous étudiez, ayez un pied dans les études et un pied dans l’entrepreneuriat. Ne laissez pas les réseaux sociaux absorber votre temps et détruire votre avenir. Battez-vous pour vos rêves !
Un message à l’endroit des personnes en situation du handicap
Il y a une différence entre le handicap et la paresse. Ne comptez pas sur les gens, vous serez déçus, n’attendez pas des autres avant de faire ce que vous savez et ce que vous pouvez faire. Une personne en situation de handicap peu importe le handicap, possède plein d’autres capacités et vous avez la responsabilité de chercher ces qualités, de les cultiver et de les développer pour le mettre au service des autres et ainsi gagner votre vie dignement et gagner le respect que vous méritez de la part des autres.
Merci à EkinaMag
Propos recueillis par Hélène DOUBIDJI