S’accrocher et écrire son histoire avec l’encre de la détermination et de la passion, voilà comment peut-on définir Rahile MIJIYAWA, jeune femme féministe « par vocation » qui a su très tôt se rallier à la cause de la femme et des jeunes pour porter l’espoir d’un monde à construire autrement. Pour l’ambassadrice jeunesse UNICEF-Togo, « Tout est possible si l’on veut, le reste c’est juste des excuses ». Ekinamag vous fait découvrir un nouveau profil exceptionnel.
Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Rahile MIJIYAWA, Ambassadrice jeunesse UNICEF-Togo, juriste de formation, Chargée de projet de profession, activiste féministe par vocation et oratrice par passion.
Parlez-nous de votre parcours académique
Mon parcours académique est très typique. J’ai eu mon baccalauréat série A4 en 2014, je me suis inscrite à la faculté de droit de l’Université de Lomé où j’ai obtenu ma licence en droit privé en 2017. En 2019, j’ai été sélectionné pour le master droit privé, un master que j’ai soutenu en février 2021. Voilà un peu en ce qui concerne mon parcours académique.
C’est quoi le féminisme ?
D’une façon simplifiée, je dirai que le féminisme est un mouvement qui milite pour l’égalité de chance, de droit, de pouvoir et d’opportunité pour tout être humain sans distinction. Le féminisme n’est aucunement un mouvement qui milite en faveur d’un sexe au détriment d’un autre. Il s’agit de redéfinir les rapports sociaux afin de donner à tout un chacun le droit de faire des choix pour lui/elle-même sans influence de quelque normes ou croyances sociales néfastes.
Parlez-nous de votre activisme et dites-nous pourquoi avez-vous décidé de vous engager ?
Mon activisme a commencé en 2017 après ma participation à l’initiative les « filles aux commandes » de Plan International Togo. Après ma participation à cette initiative, j’ai Co-crée avec les autres filles, le mouvement Girls’ Motion, un mouvement qui milite pour l’égalité de genre afin de permettre à chaque fille /jeune femme de se développer à son plein potentiel dans un monde égalitaire. Il est vrai que ce n’est pas toujours aisé de briser les normes et les croyances sociales préétablies, puisque les habitudes ont la peau dure, mais je m’attèle à faire de mon mieux chaque jour. Un pas après l’autre afin de redonner du sourire à une fille/jeune femme ayant perdu de l’espoir, de servir de modèle à la génération qui vient et leur dire que c’est possible.
Au-delà du Mouvement Girls’ Motion, mon activisme m’a conduit à être la coordonnatrice du collectif « Together For Change », qui est un groupement d’organisations de jeunes ayant des domaines d’actions assez diverses (l’éducation, l’environnement, les objectifs de développement durable, l’égalité de genre etc.)
Par ailleurs, je suis également membre du réseau de jeunes influent dénommé « ConnectTogo » qui est un cadre de partage d’expérience, de rencontres inédites avec non seulement des jeunes mais également des séniors qui ont fait leur preuve dans leur domaine de profession et particulièrement en ce qui concerne les droits humains.
Dans votre engagement, quels sont les succès dont vous êtes fière ?
Je suis devenue pour mes petites sœurs dans le cadre familial, un modèle à suivre. C’est honorifique certes, mais cela est également empreint de pressions car cela demande à toujours être irréprochable (ce qui est difficile à faire pour l’humaine que je suis),
De par les actions que j’ai eu à mener sur le terrain, j’ai reçu un certain nombre de témoignages des filles/jeunes femmes parfois même des garçons sur comment l’inspiration que je leur ai insufflée a changé quelque chose dans leur façon de voir le rapport homme/ femme, la nécessité pour chacun de s’investir totalement pour son propre bien et celui des autres parce qu’il/elle est une personne, et participer activement au développement de sa communauté
L’autre succès également c’est le fait d’avoir été nominé en tant qu’Ambassadrice jeunesse UNICEF-Togo en novembre 2020.
Qu’est-ce que c’est, être « Ambassadrice jeunesse » auprès de l’UNICEF?
Etre Ambassadrice jeunesse UNICEF-Togo consiste à être ce pont entre les jeunes et l’UNICEF-Togo. Il s’agit essentiellement de remonter les besoins de la jeunesse mais également de montrer ce que l’UNICEF-Togo fait sur le terrain en faveur de la promotion et de la protection des droits des enfants et des jeunes.
Que pensez-vous de cette jeunesse togolaise que vous représentez et quel message avez-vous à leur adresser ?
Si je dois définir ce que je vois en la jeunesse togolaise, je dirai : dynamisme et passion. De mon court parcours, j’en ai rencontré qui étaient prêts à payer le prix nécessaire pour réussir, ceux et celles qui n’hésitaient pas à apprendre et à acquérir de nouvelles compétences indispensables pour les rêves qu’ils/elles nourrissaient. J’en ai connu des profils assez divers mais très inspirants. Si je dois adresser un message aujourd’hui ce serait « vous n’êtes pas seul.es ». Vous n’êtes pas seul.es parce qu’il y’a d’autres jeunes qui vivent les mêmes défis que vous, vous n’êtes pas seul.es parce que vous avez la possibilité de vous confier, vous n’êtes pas seul.es parce votre santé, surtout mental est importante pour des personnes. Et parce que vous n’êtes pas seul.es, vous avez le droit de faire des erreurs, apprendre de ces erreurs et vous relever plus fort.es que jamais
Parlez-nous de votre passion pour l’art oratoire et du prix que vous avez reçu en art oratoire
Je suis partisane de ceux et celles qui pensent qu’on peut changer les choses également par sa voix. La parole est un pouvoir et la liberté d’expression fait partit de l’un des droits fondamentaux les plus indispensables à mon avis. Pour moi, rien de mieux pour porter ma voix que de participer à des concours d’art oratoire où j’ai la possibilité de m’exprimer sur des sujets liés aux droits humains mais également à des débats de société. Je m’extasie quand je suis sur scène, je vis intensément l’une de mes passions et avec ce revers qui me fait croire que les paroles qui sortent de ma bouche va contribuer d’une façon ou d’une autre à changer quelque chose, quelque part sur la terre en matière du respect des droits humains. L’un de mes succès en matière d’art oratoire et dont je suis particulièrement fière, c’est le titre de meilleure candidate et membre de la meilleure équipe que j’ai remporté lors du concours international Génie en Herbe OHADA, au Tchad en 2021.
Bien avant ce sacre en 2021, j’ai été la première lauréate du concours d’art oratoire au féminin en 2019. J’ai également été membre de l’équipe ayant remporté le deuxième prix du concours de plaidoirie portant sur le droit international humanitaire, organisé par le Comité International de la Croix Rouge (CICR) en 2019.
Parlez-nous du mouvement Girl’s motion dont vous êtes l’une des initiatrices?
Le Mouvement Girls’ Motion (M.G.M) est une organisation féministe, crée par des filles et qui collabore avec les garçons dans le but de créer un monde égalitaire pour les filles et les garçons.
Son principal objectif est d’agir en faveur des filles et des jeunes femmes pour la jouissance de leurs droits et la réalisation de leur potentiel. Le mouvement a pour domaine d’intervention: la santé et les droits sexuels et génésiques, les violences basées sur le genre, l’éducation et la formation professionnelle, le leadership et l’engagement citoyen. Pour arriver à la réalisation de ses objectifs, le mouvement Girls’ Motion utilise comme moyen d’action : les formations et le renforcement de capacités, les sensibilisations, les conférences publiques, les émissions télévisées, le plaidoyer etc.
Tout jeune intéressé par l’engagement dans le Mouvement peut contacter le numéro du mouvement au : +228 92107578 et suivre les directives qui lui seront données. Il est important de noter que le mouvement n’est pas basé qu’à Lomé, il a des antennes à l’intérieur du pays également.
Un mot aux jeunes filles qui vous lisent
Permettez-vous de faire des erreurs car c’est seulement comme cela que l’on apprend. Soyez indulgentes envers vous-mêmes (même si cela parait difficile quelques fois). Célébrez-vous pour les petites victoires que vous obtiendrez. Et au reste, dites-vous tous les jours que « tout est possible si l’on veut, le reste c’est juste des excuses. »
Merci à EkinaMag
Propos recueillis par Hélène DOUBIDJI