Bien qu’il existe une loi interdisant l’excision au Togo, le fléau continue de faire des victimes. La persistance de cette pratique dans la clandestinité indigne les associations qui se battent depuis fort longtemps contre ce drame. Mme Confort KABISSA-LAMBONI, Coordinatrice Nationale du Réseau des Femmes et Développement (REFED) alerte et parle des actions menées par son organisation pour contrer ce phénomène qui a la peau dure.
Adoptée essentiellement dans la région des savanes, les mutilations génitales féminines encore appelées « excision » ont subi « un coup de grâce » à partir de 2012. En effet, grâce aux actions conjointes du gouvernement et des organisations de la société civile dont le Réseau des Femmes et Développement qui incube plusieurs associations féminines de lutte contre le phénomène, beaucoup de praticiennes avaient abandonné la pratique et la plupart des parents ont été convaincus de ne plus en faire subir à leurs enfants.
Mais la coordinatrice du Réseau des Femmes et Développement, basé à Dapaong, Mme Conforte Kabissa Lamboni informe l’opinion publique que l’excision se pratique toujours . Elle révèle : « nous avons commencé depuis l’année dernière à dénicher des foyers. Cela se pratique maintenant sur les filles quand elles sont encore bébés. Les cris de douleur sont camouflés par les pleurs habituels du bébé et ainsi la pratique passe inaperçue. Nous tenons à mettre l’accent sur cet aspect de la chose ».
Pour la militante des droits de la femme, cette vieille tradition violente contre la femme n’avait pas complètement disparu. Mais face aux mesures législatives l’interdisant, sous peine de tomber sous le coup de la loi, les parents et praticiens ont développé d’autres stratégies pour ne pas se faire repérer. « Certaines familles, lorsqu’elles ont des filles à exciser, traversent la frontière pour aller de l’autre côté à l’insu de tout le monde. C’est pourquoi nous tenons à agir au niveau des zones frontalières » a-t-elle souligné.
Elle fait savoir que pour l’instant, l’identification des foyers est menée essentiellement dans la région des savanes plus précisément dans les préfectures frontalières avec le Burkina Faso et le Bénin : « nous avons commencé avec 18 cantons de Tone, Cinkassé, kpendjal et kpendjal ouest. Nous comptons étendre notre action dans les 7 préfectures de la région c’est-à-dire couvrir les 69 cantons de la région ».
Et pour ce faire, la coordinatrice fait confiance aux femmes dynamiques qui sont les points focaux préfectoraux faisant la veille sur cette thématique. En outre, pour l’efficacité des actions, un certain nombre de diligences sont indispensables. Elle insiste : « nous allons mettre les bouchées doubles pour dénicher ces foyers dans lequel le phénomène est vraiment actif avec des données probantes. Sur cette base, on pourra s’approcher du ministère en charge de la question et de certaines institutions pour nous appuyer dans la lutte ».
Selon cette dernière, la sensibilisation contre l’excision sera inscrite dans les actions que son organisation mènera lors des 16 jours d’activisme contre les Violences Basées sur le Genre (VBG).
Le 17 novembre 1998, le Togo a adopté la loi n°98-016 qui interdit toute pratique de mutilations génitales féminines.
Seyram kossivi