L’Agriculture en Afrique de l’Ouest est confrontée à de nombreux défis notamment la dégradation des sols, l’impact du changement climatique, le faible accès ou la faible utilisation des intrants agricoles y compris la cherté des engrais au regard du pouvoir d’achat limité des petits producteurs et productrices. Pour faire face à ces difficultés, le Centre international de développement des engrais (IFDC), avec le financement de l’USAID, à travers son projet « Feed the Future EnGRAIS », renforce les capacités d’une trentaine de femmes collectrices venues de plus de 15 pays à Lomé. La rencontre se déroule du 22 au 26 juillet.
Les femmes agricultrices jouent un rôle crucial dans la chaîne de valeur agricole en Afrique de l’Ouest. Cependant, beaucoup d’entre elles manquent de connaissances approfondies sur les avantages des engrais et des semences améliorées, indique-t-on. Elles, selon Dr Sansan Youl, Chef du Projet Feed the Future EnGRAIS, constituent la moitié voire plus de la moitié de la population agricole en Afrique de l’Ouest. « On sait le travail qu’elles abattent dans l’exploitation agricole, à la ferme et en même temps à la maison. Ce sont des acteurs clés à associer si nous voulons effectivement atteindre l’autosuffisance alimentaire. On ne peut pas y arriver sans les femmes », a-t-il souligné au cours de cette rencontre qui réunit les pays anglophones et francophones de la région.
De fait, il urge de renforcer les capacités de ces femmes afin de permettre aux productrices et producteurs d’augmenter les rendements et réduire un tant soit peu les importations, les déficits alimentaires.
Des outils pour contrer les défis
Trois grands outils sont conçus et vont être partagés avec ces femmes qui dirigent les groupements et les réseaux de 500 à 3000 membres. Il s’agit de : la plateforme nommée Carte de recommandation des semences et des engrais en Afrique de l’ouest (FeSeRWAM ) qui couvre la sous-région et le sahel ; les Paquets d’intrants agricole (PIA) qui sont en fait des semences de variétés améliorées, des engrais de qualité adaptée mais aussi des bonnes pratiques agricoles spécifiques à des zones particulières ; et enfin une troisième technologie appelée les 4 B : la bonne source, la bonne dose, le bon moment et le bon emplacement. Ce dernier met également l’accent sur les principes de gestion des nutriments.
En effet, en collaboration avec ses partenaires dont l’USAID, l’IFDC à travers l’initiative Feed the Future EnGRAIS met à la disposition des producteurs et productrices d’Afrique de l’Ouest et le Sahel des outils innovants pour leur permettre d’augmenter les rendements agricoles. « Ainsi, plus de 600 PIA d’une vingtaine de cultures prioritaires et environ 500 variétés ont été élaborées pour apporter les informations nécessaires et fiables à travers toute la région Ouest Africaine », a indiqué Dr Sansan Youl, Chef du Projet Feed the Future EnGRAIS au cours de l’atelier de renforcement des capacités des femmes collectrices/aggrégatrices dans le secteur agricole en Afrique de l’Ouest afin d’accroitre la productivité.
Notons que la Carte de recommandation des engrais et de semences pour l’Afrique de l’Ouest (FeSeRWAM) est une plateforme développée en ligne accessible à tous les utilisateurs et dont la version application mobile sera bientôt disponible.
En effet, en appliquant ces principes, les agriculteurs peuvent maximiser les avantages des engrais tout en minimisant l’impact sur l’environnement, informe-t-on. Les femmes vont profiter utilement de connaissances additionnelles sur les avantages des engrais et des semences de variétés améliorées, afin de servir de relais pour les utilisateurs finaux que sont les producteurs. Et par la suite, elles seront des ambassadrices pour promouvoir l’adoption des PIA dans les rangs des agricultrices de leurs réseaux, pour leur permettre d’augmenter leurs rendements agricoles et leurs revenus.
A la fin des cinq jours de formation, les 30 femmes seront aguerries en matière d’accès à l’information sur les PIA à l’aide de la plateforme FeSeRWAM et pourront être capables de « Elaborer et mettre en œuvre des plans de formation en cascade ; Former leurs paires à la collecte de données sur les agriculteurs stagiaires en vue de l’établissement de rapports par donateurs et Promouvoir l’intégration des femmes en encourageant et en soutenant leur participation actives aux formations en cascade ». En procédant ainsi, l’IFDC « donne aux femmes collectrices, les moyens de transformer l’Agriculture en Afrique de l’Ouest, de favoriser une croissance durable et d’améliorer la sécurité alimentaire » dans la région.
Une belle opportunité pour les participantes
Parmi les organisations de femmes associées à la rencontre, figure le Réseau national des femmes agricultrices du Togo pour une agriculture durable (RENAFAT) représenté par sa présidente, Nakpergou Noumpoa. « Cet atelier est une belle opportunité pour le RENAFAT qui fait de ses priorités, le renforcement des capacités, la mise à disposition d’informations de qualité à toutes les femmes productrices agricoles du Togo, la facilité des services d’approvisionnement en intrants aux femmes rurales, la protection, la restauration de l’environnement et la conservation du patrimoine génétique local entre autres. Assoiffées d’informations, nous sommes très enthousiastes à l’idée de recevoir de nouvelles connaissances sur l’utilisation des paquets d’intrants agricoles, du FeSeRWAM et des principes des 4B de gestion des nutriments », a-t-elle apprécié. « En Afrique de l’Ouest, l’utilisation inadéquate de semences de qualité, d’engrais et de bonnes pratiques agricoles (BPA) affecte négativement nos rendements et notre sécurité alimentaire », a-t-elle ajouté.
Porté sur ses fonts baptismaux le 23 octobre 2012, le RENAFAT se donne pour mission de promouvoir et de défendre en permanence les intérêts des femmes rurales agricultrices et de faciliter leur accès aux facteurs de production. Plus de 215 unions de femmes rurales agricultrices des cinq régions du pays constituent ce réseau qui œuvre dans la production, la transformation, le stockage ainsi que la commercialisation des produits agricoles.
Somme toute, cet atelier de formation qui court jusqu’au 26 juillet constitue une opportunité d’outiller les femmes qui évoluent dans le secteur agricole et de les rendre plus autonomes. Une visite de terrain est prévue à la fin de la formation pour une séance pratique.
Atha ASSAN