L’athlète ougandaise, Rebecca Cheptegei brûlée par son compagnon, est décédée jeudi matin dans l’ouest du Kenya des suites de ses blessures, quatre jours après qu’un homme présenté comme son compagnon l’a brulée. Elle avait participé aux Jeux de Paris 2024. Le drame fait réagir plusieurs structures dont l’association «Usikimye » («Ne reste pas silencieuse» en swahili), refuge pour victimes de violences sexuelles et sexistes, qui appelle à mettre fin aux féminicides.
L’athlète était retrouvée dans un « état critique » et brûlée à « plus de 80% », d’après des sources médicales qui ajoutaient que son état s’était aggravé, après avoir « développé une infection bactérienne de septicémie ». Elle a rendu l’âme par la suite.
La Fédération ougandaise d’athlétisme, dans un message publié sur X, s’est montrée « profondément attristée » du décès de son athlète qui, d’après elle, est « victime tragique de violences conjugales ». Elle a, par ailleurs, condamné l’acte et appelé à la justice. Elle a reçu le soutien de son homologue Kenyan qui a qualifié ce décès de « prématuré et tragique » qui constitue « une perte profonde » et a réclamé « la fin de la violence sexiste ».
Pour sa part, Njeri Migwi, cofondatrice de l’association « Usikimye », a qualifié l’acte de « féminicide ». « Nous devons mettre fin aux féminicides », a-t-elle réagi également sur X.
Le drame, informe-t-on, s’est déroulé dimanche. D’après un rapport de police, le suspect identifié comme Dickson Ndiema Marangach s’est introduit dans la propriété de Rebecca Cheptegei vers 14h00 locale (11h00 GMT), alors qu’elle se trouvait à l’église avec ses enfants. À leur retour de l’église, il l’a arrosée d’essence et a mis le feu sous les yeux de ses enfants, deux fillettes âgées de 9 et 11 ans, selon le quotidien kényan The Standard.
Féminicide : qu’est-ce c’est ?
Le féminicide, selon ONU Femmes, « désigne l’assassinat ou le meurtre d’une femme simplement parce qu’elle est une femme, mais peut aussi faire référence à toute mort donnée à une femme ou une fille. Le féminicide diffère toutefois de l’homicide, car c’est un crime perpétré dans des circonstances spécifiques. En effet, la plupart des cas de féminicide sont commis par des partenaires ou des ex-partenaires et sont le résultat de longs abus commis au sein du foyer, de menaces ou d’agissements intimidants, de violences sexuelles ou de situations où les femmes ont moins de pouvoir ou de ressources que leur conjoint ou ex-conjoint ».
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) distingue plusieurs cas :
- le féminicide « intime », commis par le conjoint, actuel ou ancien de la victime. Selon une étude citée par l’Organisation mondiale de la santé, plus de 35 % des femmes tuées dans le monde le seraient par leur partenaire, contre 5 % seulement des meurtres concernant les hommes ;
- les crimes « d’honneur » : lorsqu’une femme accusée d’avoir transgressé des lois morales ou des traditions — commettre un adultère, avoir des relations sexuelles ou une grossesse hors mariage, ou même avoir subi un viol — est tuée pour protéger la réputation de la famille. Le meurtrier peut être un homme ou une femme de la famille ou du clan ;
- le féminicide lié à la dot, en particulier en Inde, lorsque des jeunes femmes sont tuées par leur belle-famille pour avoir apporté une somme d’argent insuffisante lors du mariage ;
- le féminicide non intime, crime qui implique une agression sexuelle ou dans lequel les femmes sont explicitement visées. Les exemples les plus fréquemment cités sont les centaines de femmes tuées durant de nombreuses années à Ciudad Juarez, au Mexique, ou la tuerie antiféministe à l’Ecole polytechnique de Montréal en 1989.
Atha ASSAN