Des veuves, le Togo en regorge sauf qu’il n’y a pas des statistiques sur cette frange de la population. Affaiblies par la perte de leurs maris, des veuves sont livrées à elles-mêmes et celles qui ont des orphelins à la charge ne sont pas mieux loties. À l’occasion de la journée internationale des veuves ce 23 juin, EkinaMag a recueilli à Danyi dans la région des Plateaux au Togo, le témoignage de ces personnes qui ont perdu leur moitié.
La trentaine, résidant à Danyi Todomé, Tanti ADJOSSOU veuve depuis sept ans avec trois enfants à charge regrette à jamais la disparition de son mari. « Je suis une jeune femme et donc sexuellement active mais ce n’est pas cet aspect qui m’importe. Néanmoins, c’est la question de survie qui me tient à cœur », relate cette femme. Cette dernière pour subvenir aux besoins de ses enfants, fait le commerce des produits maraîchers qu’elle va prendre chez des producteurs sur des sites reculés de la localité pour les convoyer dans des marchés de la capitale Lomé.
Par ailleurs, elle décrit la non-assistance de sa belle-famille :« Souvent lorsque vous êtes dans ces genres de situations, la belle ne vous soutient pas. »
Toutefois, Tanti ADJOSSOU n’est pas la seule à souffrir du décès de son époux. Lisa AGBOVE, jeune femme de 25 ans est aussi dans ce cas. Elle pointe du doigt pour sa part les difficultés à éduquer seule un enfant. « C’est l’homme et la femme qui éduquent un enfant. Si l’un des parents est absent, il y a une carence que rien ne peut combler », fait observer, cette maman de deux garçons.
D’un autre point de vue, un sexagénaire, retraité de son état reconnaît quant à lui la présence d’une femme dans un foyer.
Togbui WUSSOU IV, chef du village de Danyi Daravé Todome est veuf il y a un an. Ce garant des us et coutumes n’est pas prêt à oublier la disparition de son épouse, en voyage reviendra désormais au pays les pieds devant. « La femme qui est un pilier central de la famille sait porter un coup de main à son mari pour le bien-être de la famille » concède Togbui WUSSOU IV.
Le chef du village de Danyi Todomé poursuit avec amertume : « mais aujourd’hui, je suis seul à faire face aux dépenses pour mettre mes trois enfants à l’abri des besoins ».
Le quotidien de ces personnes traduit en réalités les conditions de vie des veuves au Togo où le code des personnes et de la famille, instrument juridique n’est pas encore ancré dans les consciences pour résoudre l’épineuse question de la succession.
La journée mondiale des veuves célébrée chaque 23 juin a été instituée par une résolution présentée par le Gabon. Elle a été adoptée par consensus lors de l’assemblée générale des Nations Unies en décembre 2010. Le but est de sensibiliser l’opinion et d’obtenir une meilleure défense des droits des veuves dans le monde.
Ba TENA