Le continent africain regorge de femmes et filles très intrépides et perspicaces. Aujourd’hui le webmagazine EkinaMag vous amène au Sénégal, pour vous parler du parcours d’une jeune fille qui porte de grandes ambitions sur ses épaules. Agée seulement de 22 ans, Fanta CAMARA est fondatrice de Senegalese Earth and Environnement SEE Media Group, composé de deux médias (SEE Magazine et SEE TV), spécialisés dans le développement durable. C’est avec enthousiaste qu’elle a répondu aux questions d’EkinaMag, pour le compte de notre rubrique « Les Audacieuses du continent ».
Veuillez-vous présenter à nos lecteurs ?
Je me nomme Fanta Camara et suis jeune fille sénégalaise, âgée de 22ans. Je suis née et j’ai grandi au Sénégal, plus précisément à Dakar, la capitale.
Pourriez-vous nous parler de votre parcours et de vos formations ?
J’ai fréquenté un groupe scolaire qui s’appelle Saint Jean de Dieu où j’ai fait le cours élémentaire et le collège. L’école se trouve dans mon quartier où je suis née. Arrivée au lycée, pendant tout mon cursus, je suis partie vers la ville chez ma grand-mère pour y résider car j’étais inscrite à une école qui était loin de chez mes parents. J’ai fait la série S2 et j’étais déjà une élève engagée. C’est au lycée que j’ai fait connaissance avec des acteurs engagés dans l’environnement. Je participais à plusieurs activités dont des journées de reboisement etc… et j’ai réussi à avoir l’amour pour le domaine même si mon rêve a toujours été de faire la médecine. Après le baccalauréat, je me suis inscrite à l’Institut des Hautes Etudes en énergies où je suis à la fois des cours en énergies et environnement.
SEE Media Group, comment est née l’idée ?
Alors étant étudiante et actrice dans le domaine de l’environnement, j’apprenais beaucoup de choses et souvent je sensibilisais certains amis sur comment se comporter avec la nature. Par la suite, j’ai créé une page facebook, nommée « Senegalese Earth and Environment » (SEE) où chaque matin, j’écris des textes pour informer et sensibiliser. C’est une passion et je sentais du plaisir à le faire. Pendant des mois, j’ai écrit sur la page, sans même l’avoir déclarée comme une entreprise. Un jour, j’ai fait connaissance d’un journaliste qui m’a donnée cette idée d’en faire un journal et il m’avoue qu’il est prêt à m’accompagner dans ce projet puisque je n’ai jamais fait de formation en journalisme. C’est ainsi qu’on a lancé SEE Magazine qui est une revue mensuelle.
Alors parlez-nous brièvement de SEE Media Group
Au début, c’était seulement SEE Magazine. On traite des sujets sur l’environnement et on travaille avec des institutions gouvernementales et non gouvernementales dans le but de les aider à divulguer leurs politiques et actions environnementales. Ce qui nous a valu d’accompagner l’Agence sénégalaise de la grande muraille verte à la COP 15 qui s’est tenue à Abidjan. C’est là-bas où j’ai eu l’idée de lancer SEE TV car je faisais des directs sur la page etc… Je me suis dit qu’on peut créer une autre plateforme pour cet aspect digital en faisant des interviews, des capsules vidéo, des émissions… dans le même but que SEE Magazine qui est une revue écrite.
C’est ainsi qu’on a créé SEE Media Group regroupant SEE Magazine et SEE TV. A la COP, en Égypte en novembre dernier, tous les deux médias ont eu des contenus et on continue encore le travail sur les 2 avec une bonne et jeune équipe très dynamique.
Quels sont vos succès à ce jour ?
J’ai eu à remporter 3 trophées comme jeune femme leader ayant de l’impact. On a participé à des programmes d’incubation et de financement pour des entreprises innovatrices où la sélection était rude. On est en train de faire connaître, au-delà du Sénégal car à chaque voyage on se connecte avec d’autres nationalités. On traite des sujets pertinents que personne ne traite car étant jusque-là le seul média spécialisé en environnement et développement durable, parlant des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD).
Vous vous êtes lancée tôt dans cette aventure entrepreneuriale, dites-nous, l’âge a-t-il été un avantage pour vous ou le contraire plutôt ?
Je dirai les 2 à la fois. Il y a des avantages mais aussi des inconvénients car c’est bien de se sentir utile et appréciée par beaucoup de gens étant jeune, de participer à des rencontres où il n’y a que des personnes plus âgées, d’inspirer également à se lancer et être surtout autonome. Cependant, il y a des discriminations négatives qu’on subit des fois surtout lorsqu’il s’agit d’un marché à donner car certains préfèrent des gens qui ont plusieurs années d’expérience. On se sent des fois bousculé, ignoré… Mais comme le disait un mentor: «Même les inconvénients doivent être des atouts car cela prouve juste que les gens te remarquent jusqu’à essayer de te contraindre. Un homme qui a fait 20ans dans un domaine sans réaliser quelque chose va toujours avoir peur, si une petite fille de 22ans réalise de magnifiques choses.»
Quelles sont vos qualités qui vous permettent d’être efficace dans vos initiatives
Je crois en moi et en ma passion dans ce domaine. Cette forte qualité me permet d’être résiliente face à tout. Je m’impose et je me relève à chaque fois. J’ai ce pragmatisme de mettre en pratique toutes les idées qui me traversent l’esprit pour un bon fonctionnement du groupe. J’ai de grandes ambitions et pour moi ce ne sont pas des rêves mais des obligations. Je veux écrire mon histoire et influencer des générations et des générations, donc je ne dois jamais abandonner.
Parlez-nous des défis auxquels vous devez faire face régulièrement
Avec le magazine, je vois toujours comment inciter les jeunes à lire davantage pour s’informer dans ce domaine et apporter leur part dans la lutte contre le changement climatique. C’est ce qui nous a poussés à initier des courtes vidéos explicatives qu’on publie sur les réseaux pour inviter à l’engagement. Moi, je cherche l’impact sur ma communauté donc je suis tout le temps défiée de rendre les gens engagés que ça soit l’équipe avec qui je travaille ou les lecteurs et internautes, bénéficiaires de nos campagnes de sensibilisation, participants aux panels que j’anime…
Quelles sont vos perspectives ?
Alors j’aimerais que ce magazine soit continental. J’invite déjà le public les togolais à en lire (rires). En tout cas, c’est un groupe à vocation africaine. On a débuté, il n’y a pas longtemps et on rêve d’aller très loin. On est en train de travailler sur les innovations à apporter dans ce groupe de média avec les émissions et tout. J’ai également d’autres projets en tête étant militante du développement durable et «Climate advocate». Je vais prochainement lancer d’autres initiatives Insha’Allah.
Justement, parlez-nous de quelques uns de vos projets, en dehors de votre groupe de presse
J’ai tout récemment créé une association du nom de « She For Sustainability » qui a pour but d’aider les femmes à mieux être connectées au monde durable. Nous comptons les appeler, sensibiliser et leur donner les meilleurs outils et pratiques pour des revenus réguliers avec une protection de l’environnement, des risques sanitaires…
Nous envisageons toucher tous les 17 ODD et cette association a une vocation africaine.
Pour nous, la femme est le centre de tout développement donc si elle est bien préparée, le développement durable sera une réalité.
Alors si vous avez un message à adresser aux filles et femmes, ce sera lequel ?
Je leur rappelle qu’elles sont des guerrières, qu’elles ont la force de tout réaliser, si elles le décident. Il n’y a pas de limite à ce qu’elles peuvent réaliser en tant que femmes comme le disait Michelle Obama qui m’inspire tant. Je les invite à se découvrir en maîtrisant leurs passions, leurs rêves et de s’y accrocher jusqu’à la réussite. On a assez de femmes modèles dans ce monde et dans chaque domaine. Chaque femme doit se voir en une femme et faire d’elle une mentor (si elle a la possibilité de la côtoyer) ou de suivre son histoire afin de voir comment arriver à son niveau, voire même dépasser. Allez-y! Oui, vous pouvez.
La rubrique « Les audacieuses du continent » donne chaque mois, la parole à une femme africaine au profil exceptionnel, le temps d’une interview très riche et dense.
Interview réalisée par Hélène DOUBIDJI