Aider ses pairs jeunes à avoir une sexualité responsable et agir pour contribuer à un monde égalitaire où les droits humains sont respectés : voilà la mission que s’est assignée Ahoefa Fidèle ADAMADO, en s’engageant activement dans des organisations qui défendent ces causes. Avec EkinaMag, la jeune femme parle de son parcours et de son activisme.
Présentez-vous à nos lecteurs !
Je suis ADAMADO Ahoefa Fidèle, sociologue et gestionnaire de ressources humaines de formation. Je suis une passionnée des droits humains et animatrice en santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes. Je suis par ailleurs, « jeune championne » SR/PF (Santé de Reproduction/Planification Familiale) sur le projet Amplify PF.
Parlez-nous de votre parcours scolaire et professionnel !
Après mon Bac série D, j’ai fait les études supérieures et j’ai obtenu une licence en Sociologie et un master en Gestion des Ressources humaines.
Dans l’optique d’être polyvalente et ayant un amour pour le commerce, j’ai suivi une formation modulaire en « marketing et négociation ». J’aime toucher à tout donc j’ai fait d’autres formations entrepreneuriales et une formation en graphisme aussi.
Sur le plan professionnel, après des stages en Gestion des ressources humaines, je me suis engagée à mon propre compte en tant que commerçante pendant 2 ans. Depuis quelques mois, j’ai décidé de faire autre chose que l’entrepreneuriat et actuellement, je suis la chargée « jeunesse et genre », auprès du Groupe d’Appui au Développement Durable.
Activiste droits humains, qu’est-ce qui vous a donné le déclic à s’engager ?
Tout a commencé au lycée où on me déconseillait d’embrasser une série scientifique sous prétexte que ce n’est pas fait pour les filles. Aussi, les limites que mon entourage me posait en tant que femme chaque jour dans plusieurs domaines (par exemple, une fille ne doit pas faire un master parce qu’elle fera peur aux hommes), ont fait que j’ai décidé de m’engager. S’engager était pour moi, le choix idéal pour comprendre que je n’ai pas tord en pensant que notre limite est celle qu’on se pose nous-mêmes. J’ai décidé de m’engager pour aussi lutter pour un monde égalitaire pour tous. Aujourd’hui Activiste et féministe que je suis, je suis fière de chaque pas que je pose.
Quelles sont les associations dans lesquelles vous militez et quels rôles vous y jouez?
Je suis actuellement la coordinatrice locale de la cellule dénommée « Claire QUENUM », du mouvement féministe « Girls’ Motion ». Je suis aussi membre d’Amnesty International Togo.
La question de la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes vous tient à cœur. Pourquoi un intérêt pour ce sujet ?
Je suis passionnée par tout sujet lié à la santé de reproduction. Ce qui me rend le plus heureuse, c’est d’apporter la bonne information à mes pairs jeunes sur leur santé sexuelle, parce que c’est un sujet tabou malheureusement et le manque d’information a dévié beaucoup de personnes de leurs objectifs et a même ôté la vie à certaines. Rien n’est plus satisfaisant pour moi que d’aborder les sujets de SR/PF (Santé de Reproduction /Planification Familiale), de Violences Basées sur le Genre (VBG) et autres questions sur les radios, télé, réseaux sociaux, sur le terrain dans les écoles, marchés… et d’avoir des retours positifs des jeunes désireux de mieux comprendre.
Quel message important avez-vous à délivrer aux jeunes dont leur sexualité vous préoccupe tant!
Je leur dirai qu’il est très important d’avoir une sexualité responsable pour ne pas le regretter plus tard. Aujourd’hui beaucoup de service en santé de reproduction s’offrent aux jeunes, alors allons à l’information.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez assez souvent sur le terrain de sensibilisation ?
Les difficultés sont nombreuses mais le plus poignant, c’est d’être dans l’incapacité d’aider convenablement des jeunes filles et femmes dans certaines situations sur le terrain. Par exemple, des mères qui t’appellent pour que tu puisses aider leurs jeunes filles à avancer. Je me souviens toujours de cette maman que j’ai rencontré à l’intérieur du pays qui me dit discrètement : « je veux que ma fille soit comme toi un jour mais je peine à payer son écolage et son père pense que ce n’est pas important de l’envoyer à l’école ».
Parlez-nous de vos actions et réussites dont vous êtes fières !
L’une de mes actions qui fait ma fierté est le projet d’un court métrage titré « cauchemars de femme ». J’étais porteuse de ce projet, réalisé par Amnesty International Togo dans le cadre du 8 mars et qui vise à montrer le vrai rôle de cette journée.
La deuxième chose dont je suis fière, c’est d’avoir accompagné une jeune fille bachelière et son partenaire qui m’ont contacté à 5 mois de grossesse parce qu’ils voulaient avorter. Je les ai aidés à en parler aux parents, à suivre les consultations prénatales jusqu’à l’accouchement d’une petite fille.
De quel monde rêvez-vous ?
Je rêve d’un monde égalitaire où nous pouvons tous avoir la possibilité de vivre librement et que notre sexe ne soit pas un obstacle ou une limite pour nous.
Un mot aux jeunes filles qui sont nombreuses à lire notre magazine !
Ne laissez pas votre entourage vous poser des limites, offrez-vous le moyen d’atteindre vos objectifs et vous ne perdez rien en essayant. Faites les choix qui vous rendrons fier de vous-mêmes.
Interview réalisée par Hélène DOBIDJI