De son vrai nom Koussougbo Ayovi Albertine Félicia, Orakle est une jeune slameuse togolaise dont le verbe puissant et l’engagement ont conquis la scène nationale et internationale. Lauréate de multiples compétitions et finaliste de la Coupe du Monde de Slam 2024, cette passionnée de la poésie qui est en quête d’identité, veut changer le monde à travers l’art. Rencontre avec une artiste dont les mots éveillent les consciences.
Qui est Orakle ?
KOUSSOUGBO Ayovi Albertine Félicia alias Orakle est une artiste slameuse togolaise, étudiante en fin de parcours licence droit des affaires à l’université de Lomé.
Votre parcours ?
J’ai croisé le chemin du slam en 2019 et je suis tombée amoureuse de ce noble art. Au cours de la même année j’ai participé au concours interscolaire « EduSlam » organisé par le slameur Feychal Enyabla où j’ai été sacrée 1er Prix. La passion et le goût étant bien installés, je me suis perfectionnée à travers des ateliers d’écritures programmés par des slameurs de renoms. C’est ainsi qu’en 2022, j’ai été 3ème Prix lors du concours national de slam « Champion Slam POZ » sur la TVT, et plus tard Lauréate du même concours en 2023. Cherchant toujours à me faire une place au soleil, à me démarquer par mon art et mon savoir-faire, j’ai foulé plusieurs scènes slams à Lomé. En novembre 2023, j’ai été Championne de la « Coupe Nationale de Slam » organisée par « Calebasse Challenge » dont le promoteur est Menteur Ambulant, ce qui m’a permis de représenter le Togo en Côte d’Ivoire sur le Festival International de slam « Écritude », en juin 2024 à la Coupe de France de Slam » à Tours (France), et récemment en novembre 2024 à la « Coupe du Monde de Slam » au Togo où j’ai été 9ème sur 40 pays participants.
Je tiens à témoigner ma gratitude à toute la communauté du slam togolais et mondial, aussi à toutes ces belles âmes qui m’ont porté et supporté jusqu’ici.
Comment êtes-vous arrivée à cet art qu’est le slam ?
Je suis arrivée au slam par amour et passion de la littérature, de la poésie et de la langue française à travers des ateliers d’écritures et des clubs d’animations culturelles. Au-delà de cette passion j’étais à la quête de mon identité en tant que jeune fille avec de grands rêves, et pour moi, l’art était le seul moyen de pouvoir m’exprimer librement, et surtout de pouvoir m’affirmer.
Aujourd’hui vous êtes incontournable sur le plan national, continental et mondial. Votre ressenti ?
Incontournable je ne dirais pas, je ne suis qu’une jeune artiste qui apporte son expertise pour le bien de l’humanité. Toutefois ce cheminement est une joie immense, une fierté pour moi, et je tiens à remercier ma famille, ainsi que toutes les énergies qui me soutiennent dans cette mission de vie.
Plongez-nous dans votre univers artistique. Quels sont les thèmes qui vous tiennent à cœur et que vous ressortez dans le slam ?
Dans ma démarche artistique, j’aborde les thématiques sociales, liées aux ODD (les droits humains, la diversité culturelle, les violences basées sur le genre, la crise environnementale…) et autres (l’amour, l’espoir, l’union, le partage…). En résumé, tous les sujets pouvant m’aider à repenser les blessures des autres, à transmettre les bonnes valeurs, à réveiller l’humanité en nous.
Comment se porte le slam au Togo selon vous en tant que lauréate des festivals ici et ailleurs ?
Le slam au Togo se porte bien, il suit son chemin pour se faire beaucoup plus connaître à l’échelle nationale comme internationale. C’est déjà une grande fierté que la 3ème édition de la « Coupe du Monde de Slam » s’était déroulée chez nous au Togo. Avec beaucoup plus d’appui des institutions culturelles et artistiques, je penses que dans un futur proche, le slam togolais rentrera totalement dans l’histoire. Merci à tous les devanciers, à la nouvelle génération, ainsi qu’à tous les acteurs culturels qui s’investissent pour porter haut la culture togolaise.
La femme a-t-elle une place dans le slam au Togo et dans le monde ?
Affirmatif, je dirai. La femme a sa place dans l’art, le slam au Togo comme dans le monde. Je profite pour rendre hommage aux talentueuses et dévouées femmes artistes slameuses qui s’engagent nuits et jours pour faciliter les choses à nous qui sommes la jeunesse. Merci à elles de nous avoir montrer le chemin, celui qui mène vers l’accomplissement.
Vous avez participé à la coupe du monde de slam qui a lieu du 12 au 18 novembre 2024 au Togo. Parlez-nous de cette compétition et l’ambiance qui y a régné ?
Ça a été une belle compétition sur la terre de nos aïeux, le Togo avec une ambiance chaleureuse, conviviale, autour du slam, ce qui nous unis. Au-delà d’une compétition, cette organisation est une très belle aventure qui a permis aux artistes des quatre coins du monde de se retrouver et d’échanger culturellement, de s’exprimer et de faire valoir leurs idéaux pour un monde meilleur. Il faut dire que j’en suis sortie avec pleins de connaissances et de nouvelles façons de faire, de voir les choses. De très belles rencontres encrées à jamais dans l’histoire du slam. Vivement.
Quels conseils avez-vous à donner aux jeunes filles qui vous lisent ?
A mes sœurs qui me lisent, je dirai : le chemin ne sera pas linéaire. Toutefois, osez, croyez en vos rêves, mettez les moyens nécessaires, soyez prudentes, patientes, et résilientes parce-que « c’est dans la chute que se trouve la grandeur du parcours ».
Interview réalisée par Ida BADJO