L’Institut national d’hygiène (INH) de Lomé organise une campagne de dépistage gratuit du cancer du col de l’utérus. Précédemment annoncée sur la période du 13 au 15 juin, la campagne se poursuit jusqu’au 20 juin. Contacté par EkinaMag, M. KOBA Adjaho Komla , Biologiste, Responsable technique du département de Sérologie à l’Institut national d’hygiène de Lomé dit tout sur cette campagne.
Selon le biologiste, le dépistage proposé aux femmes durant cette campagne comporte deux tests réalisés à l’aide d’un seul prélèvement : le frottis cervico-utérin ou le Pap test et la recherche du Papillomavirus, le virus responsable du cancer du col de l’utérus.
Pour se faire dépister, certains préalables sont nécessaires. D’abord, la bénéficiaire doit être âgée de 25 à 50 ans (née entre 01/01/1974 – 12/06/1999) ; ne pas être en période de menstruation, vierge ou enceinte ; ne pas avoir subi une hystérectomie totale (utérus et col de l’utérus enlevés). Ensuite, s’abstenir d’un rapport sexuel durant 48 heures au moins et réaliser le dépistage en dehors de tout traitement local. Enfin, se munir d’une pièce d’identité.
« Après être rassuré que la femme respecte toutes ces conditions, elle sera invitée à répondre à une série de questions avant de passer dans la salle de prélèvement. La procédure de prélèvement endocervical est simple et rapide. Elle dure quelques minutes et ne nécessite pas d’anesthésie. La technicienne introduit un spéculum dans le vagin pour observer le col de l’utérus. Ensuite, elle prélève des cellules grâce à une cytobrush et la décharge dans un liquide conservateur. Ce liquide est envoyé au laboratoire pour les tests », a précisé KOBA Adjaho Komla.
Pourquoi se faire dépister ?
Le dépistage du cancer du col de l’utérus, a expliqué le Responsable technique du département de Sérologie à l’INH, permet tout d’abord à la femme de connaitre son statut par rapport au cancer du col de l’utérus. « En effet, le dépistage permet de détecter tôt les lésions précancéreuses ou cancéreuses, avant l’apparition de symptômes, et de pouvoir mieux les soigner, mais aussi de limiter les séquelles liées aux traitements utilisés. La détection du cancer à une phase précoce de son développement augmente considérablement les chances de réussite du traitement. Ainsi, le dépistage permet de réduire l’incidence et la mortalité de ce cancer », a souligné KOBA Adjaho Komla.
Généralement, le dépistage du cancer du col de l’utérus concerne les femmes âgées de 25 à 65 ans. En effet, l’infection au HPV est fréquente avant 25 ans mais passagère et inaperçue dans la plupart des cas. « Le risque de développer un cancer du col de l’utérus avant 25 ans est faible. Le cancer est d’évolution lente, entre 10 et 20 ans pour progresser d’un stade précancéreux au stade de cancer invasif », informe-t-on. Toutefois, on note une forte diminution du risque de développer un cancer du col de l’utérus après 65 ans. Mais, pour cette campagne, l’INH a opté pour les femmes susceptibles de procréer parmi la cible, c’est-à-dire, celles de 25 à 50 ans.
À l’échelle mondiale, le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus courant chez la femme, avec 660000 nouveaux cas et 350 000 décès en 2022. Plus de 94 % de ces décès sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, dont le Togo. La détection du cancer du col de l’utérus sur la base de la réalisation d’un Frottis Cervico-utérin (FCU) et de la recherche du virus responsable de ce cancer est inaccessible financièrement et géographiquement pour une bonne partie des togolaises. L’organisation des campagnes de dépistage gratuit, en appui au programme national de lutte contre les maladies chroniques, est un moyen de rendre cette détection accessible et contribuer à réduire l’incidence et la mortalité dues au cancer du col de l’utérus. « Cette campagne permettra de connaître aussi laprévalence et les facteurs associés aux lésions précancéreuses chez les femmes en âge de procréer dans le Grand Lomé », a indiqué le responsable technique du département de Sérologie à l’INH.
Pour cette campagne, l’INH prévoit dépister au total 600 femmes. Au premier jour, 107 femmes ont été servies.
Atha ASSAN