Les audiences se poursuivent à la Cour d’appel de Lomé dans le cadre de la première session des assises ouverte le 20 janvier 2025. Le public a assisté ce mercredi 22 janvier, entre autres, au procès de l’affaire ministère public contre le nommé Fofo Ibrahim Toumawu, père de trois enfants. Ce dernier a mis successivement fin à la vie de ses trois femmes qu’il soupsonnait de « le tromper ».
L’accusé est décrit, selon les termes utilisés par l’avocat général durant le procès, comme quelqu’un qui est « extrêmement craint par son entourage », « une personne peu sociable qui vit coincé dans sa ferme », « un tueur en série ».
Fofo a empoisonné et enterré tout seul ses trois femmes. Ce cultivateur résidant dans la localité de Avého (préfecture de Kloto), né en 1969, a réussi son premier et deuxième coup sans inquiétude. Mais le troisième ne va pas marcher pour lui. Il s’agit de l’empoisonnement de la nommée Eynovi avec qui il s’est marié. Revendeuse de poisson, la dame livrait ses produits à crédit, de maisons en maisons aux habitants de la localité. Mais arrivé à un moment, ses clients n’ont plus de ses nouvelles. Le mari criminel, très rusé, s’est précipité auprès de sa belle famille pour leur informer qu’il ne retrouvait plus leur fille et que cette dernière aurait disparu. Intriguée et ne comprenant pas cette disparition, la famille sur les instructions du chef de la localité a entrepris des recherches à la ferme de M. Fofo Ibrahim.
« Cela a conduit à la découverte d’abord du corps sans vie de la nommée Eynovi. Le corps n’était pas encore totalement décomposé. On a découvert ce corps amputé des deux pieds », a détaillé l’avocat général au cours de son réquisitoire. Avisée, la Brigade de gendarmerie s’est dépêchée sur le lieu et les fouilles approfondies ont permis de découvrir un crâne humain dans la même tombe que celle de Eynonvi et ensuite un troisième corps avec les effets personnels de la victime notamment le pagne dont elle se servait habituellement. Ce qui a permis aux parents de l’identifier facilement. Notons que le corps de Eynovi a été découvert courant mois de février 2016 et les deux autres femmes « Apéfa » et « Charité » disparaissaient entre 2007 et 2015.
A la barre, interpellé, Fofo a reconnu les faits. Il a fait savoir qu’il ne traite pas les actes d’infidélité à la légère et que toutes ses femmes ont été averties en ce sens.
De fait, l’accusé aurait, fait boire à Eynovi, une décoction empoisonnée, lui faisant croire qu’il s’agissait d’une boisson locale. . Ce qui, selon lui, aurait entraîné sa mort. Il a par la suite enterré le corps précipitamment seul.
Sur sa motivation à poser de tels actes, Fofo a déclaré à la barre que toutes ses trois partenaires seraient successivement en train de le tromper avec un certain « Mawussi » et ne pouvant pas agir sur celui-ci, il a préféré prendre vengeance sur ses épouses.
« Les corps de ses victimes ont été retrouvés dans sa ferme. Il reconnaît les avoir enterrés seul, avoir dit aux parents que ses femmes ont disparu de sa ferme et qu’il les cherche en vain. Le résultat de l’assassinat étant la mort, les corps étant retrouvés dans sa ferme, enterrés par lui, il est évident que c’est ce dernier qui les a tuées. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a essayé de dissimuler ces corps et de dissimuler son infraction », a commenté l’avocat général.
Compte tenu de la gravité de ses actes, l’avocat général a estimé que l’accusé ne mérite ni faveur, ni pitié de la part du juge. Sur ce, il a exigé une peine de 50 ans de réclusion criminelle.
Au retour de la Chambre du conseil, conformément aux articles 167, 168, 173 et 174 alinéa 1er du nouveau code pénal, la Cour a retenu contre Fofo Ibrahim Toumawu les charges « d’empoissonnement et d’assassinat ». Il n’y pas eu des circonstances atténuantes en sa faveur. La Cour s’est alignée sur la demande du ministère publique et l’a condamné à une peine de 50 ans de réclusion criminelle. Il doit verser la somme de 25 millions et de 7 millions FCFA respectivement au fils d’une victime et à la sœur d’une autre. La troisième personne représentant la partie civile qui n’est autre que le frère de Eynovi n’a quant à lui rien réclamé à l’accusé, autre que l’application de la loi.
Atha ASSAN