Technicienne de l’audiovisuel et du cinéma, monteuse, cadreuse et réalisatrice, Chimène AKPAH est promotrice du salon du cinéma au féminin dont la deuxième édition sera officiellement lancée le 17 Novembre prochain. Dans un entretien accordé à EkinaMag, elle évoque la raison d’être de ce salon, les objectifs visés, les innovations, les différentes activités inscrites au programme et la pertinence du thème choisi cette année : « cinéma et cohésion sociale ». Chimène AKPAH s’est également prononcée sur la place de la femme dans le 7ème art. Lisez plutôt !
Pourquoi un salon du cinéma dédié aux femmes ?
D’abord, il faut souligner qu’il n’y a pas beaucoup de femmes dans le domaine du cinéma. C’est un secteur dominé par les hommes. L’objectif du salon, c’est de montrer à tous qu’il y a de la place dans le monde cinématographique pour les femmes. Ce salon est aussi une aubaine pour celles qui y participent de connaitre les opportunités qui existent dans le domaine.
Est-ce une innovation, un salon du cinéma consacré uniquement aux femmes ?
Oui. Un salon du cinéma dédié aux femmes, c’est une innovation, c’est une première au Togo.
Quelle est aujourd’hui la place de la femme dans le 7ème art ?
Nous sommes en train d’avancer, si on se réfère à quelques années auparavant. Aujourd’hui, les femmes font de plus en plus parler d’elles dans le cinéma même si elles ne sont pas aussi nombreuses comme on le souhaite. C’est pourquoi, nous nous battons pour qu’elles s’intéressent encore plus aux différents métiers du cinéma car elles ont pleinement leur place dans ce secteur.
Pour cette deuxième édition du salon, vous avez choisi comme thème « Cinéma et cohésion sociale ». En quoi le cinéma peut-il contribuer à la cohésion sociale ?
Le cinéma est un excellent outil didactique puisqu’il permet de communiquer et de transmettre des informations. C’est plus facile de partager un message avec plusieurs milliers de personnes à travers le cinéma. En termes de cohésion sociale, vous n’êtes pas sans savoir que notre pays est confronté aux menaces terroristes. Ce qu’on pensait se dérouler loin de nous est à nos portes depuis quelques temps. Au niveau de l’organisation, on s’est donc dit que vu l’utilité du cinéma à porter loin les informations, pourquoi ne pas assimiler le cinéma et cette thématique de cohésion sociale pour porter un message de paix.
Quelles sont les innovations et les activités de cette deuxième édition ?
Pour rappel, au cours de la première édition, nous avons fait un bilan de la présence de la femme dans le cinéma togolais d’hier à aujourd’hui. Au vu de ce bilan, nous avons conclu que pour plus de présence de la femme dans le cinéma, il faut former celles qui s’intéressent au domaine. Cette édition est donc consacrée à la formation d’un certain nombre de jeunes filles sur les métiers du cinéma. Nous avons commencé le 09 Octobre passé avec trois ateliers de formation : prise de vue, photographie, prise de sons et montage. C’est la particularité de cette édition par rapport à la première.
Au cours du salon, nous aurons également deux panels où la question de la contribution du cinéma à la cohésion sociale sera réellement abordée. Nous aurons aussi des projections de films pour montrer le travail qui se fait en termes de cinéma au Togo, tout genre confondu. Mais nous allons prioriser la diffusion des films venant de femmes et les films dont les thématiques sont liés à la femme.
Il y aura aussi une soirée apothéose. Dans le cadre de la soirée de clôture, nous avons lancé en amont un appel à films, ouvert à tous, même ceux qui peuvent réaliser des films à partir de leur smartphone et non seulement les grosses caméras sont concernés. Il est question de réaliser un film qui aborde la thématique de la cohésion sociale et espérer gagner un prix à cette soirée. En gros, voici un peu ce que nous réserve cette deuxième édition.
Quelles sont les cibles à atteindre à travers ce salon ?
La cible principale, ce sont les femmes et plus particulièrement les jeunes filles. Nous souhaitons qu’au bout de cinq années d’organisation, les gens soient totalement convaincus que les femmes ont leur place dans le cinéma et que ce soient les parents eux-mêmes qui conseillent à leurs filles d’embrasser ce secteur. L’autre cible, c’est le public togolais et international. Ce salon peut contribuer à changer les mentalités. Le cinéma n’est pas seulement que ludique.
Y a-t-il de l’engouement des femmes pour cette deuxième édition du salon ?
Oui de l’engouement, il y en a. La preuve pour les modules, une quarantaine de femmes se sont inscrites. Malheureusement, étant donné que c’est une formation pratique et le nombre de places limité, on ne pouvait pas les garder toutes, parce que nous voulons vraiment être efficace.
Quel message avez-vous à délivrer aux femmes ?
Comme message, je voudrais dire aux filles et aux femmes de faire tomber les stéréotypes en matière de choix des métiers. Pour la société, il y a des métiers qui sont exclusivement fait pour les hommes et des métiers dédiés uniquement aux femmes. Mais c’est faux. Une femme n’est pas forcément secrétaire de direction, une femme n’est pas forcément restauratrice, vendeuse ou commerçante. Une femme peut tout faire. Une femme peut être chef de chantier, une femme peut être électricienne, une femme peut être cinéaste. Que les femmes sortent des sentiers battus pour aller explorer d’autres métiers, qu’elles soient innovantes et fassent des métiers où on ne les attend pas forcément.
Interview réalisée par Ida BADJO