Les abus sexuels, on en parle ? Ils sont légion mais beaucoup de victimes principalement les jeunes filles et femmes préfèrent malheureusement se terrer dans leur mutisme et subissent dans leur retranchement, des traumatismes qui ont beaucoup de séquelles. Dans sa nouvelle sortie littéraire « Les martyrs du tabou », l’écrivain togolais, Folikoe Koulihouen est revenu sur le phénomène.
Elles sont nombreuses à vivre le calvaire des traumatismes subis lors des agressions sexuelles et autres formes de violences exercées contre leur intimité. Ces femmes traînent le poids des blessures intérieures toute leur vie, écorchées à jamais par des faits humiliants qu’elles ont du mal à digérer ou à évacuer. C’est l’histoire de Sylvie, abusée alors qu’elle était à la fleur de l’âge au collège et qui a gardé le silence mais confrontée plus tard au diktat de sa culture qui exige la virginité pour le mariage. Tout avouer et payer le prix du rejet ou garder le silence et se faire ‘’découvrir’’, aucune option ne la ménage.
Le roman de Folikoe Koulihouen retrace mille histoires en une, l’histoire des innocences volées par des instincts avides. La société est complice de ce drame en érigeant des tabous autour des informations propices pour une éducation sexuelle adéquate pouvant permettre de lever le voile sur certaines réalités et aider à les prévenir.
« Les martyrs du tabou » est un cri d’alerte pour amener le public à prendre conscience de l’ampleur du phénomène. L’auteur ‘’brandit’’ sa plume comme une arme dans cette œuvre. « Dans beaucoup de situations, dans les familles, c’est du domaine de l’interdit de parler des abus qu’on a subis pendant que cela ronge la femme de l’intérieur. Ces tabous de l’éducation sexuelle ont la peau dure et continuent de pénaliser la gent féminine en la martyrisant », souligne M. Folikoe KOULIHOUEN.
Le roman va au-delà de la dénonciation pour présenter le mécanisme de prévention à travers la sensibilisation abordée dans l’histoire. « L’Etat a mis à la disposition des populations, des structures de recours mais nous devons faire davantage d’autant plus que l’information n’est pas portée à un plus grand nombre. Dans le roman, c’est grâce à une sensibilisation, que celui qui a abusé de Sylvie finit par lui présenter des excuses, après avoir suivi une séance de sensibilisation . C’est une invitation à faire beaucoup plus de sensibilisations » a précisé l’auteur.
L’auteur ne compte pas en rester là. Il est coorganisateur des ‘’conférences café littéraires ‘’ pour sensibiliser la population sur les enjeux de la situation dans notre pays. En effet, le 02 Mars dernier, l’initiative qui regroupe des activistes intervenant sur la question a tenu son premier numéro. « La conférence café littéraire sera réitérée car nous avons de très bons retours du premier numéro. Le projet vise à aborder les problèmes liés à ces abus ».
Ce nouveau venu dans la littérature togolaise est véritablement une référence qui, à travers une histoire captivante invite les parents et les éducateurs en général à porter les informations nécessaires aux filles pour une éducation sexuelle efficace pouvant les mettre à l’abri de tout abus.
Emile AGBASSINOU