Sylvie OUEDRAOGO , journaliste à radio Kanal Fm est lauréate du premier prix du concours national « médias et droits humains », lancé dans le cadre du projet « Promouvoir la liberté d’expression et des médias et protéger les défenseurs des droits de l’homme au Togo (FoE Togo) » et mis en œuvre par le consortium Institut Panos Afrique de l’Ouest, l’Observatoire Togolais des Médias et FAMEDEV avec l’appui financier de l’Union européenne. Dans cet entretien, Ekinamag a recueilli les impressions de la jeune journaliste qui est également revenue sur son parcours.
Présentez- vous et parlez-nous brièvement de votre parcours de jeune femme journaliste
Je suis Sylvie OUEDRAOGO journaliste à Radio Kanal Fm. J’ai suivi un parcours scolaire normal. Enfant, j’aimais beaucoup la lecture, ce qui m’a poussée à adhérer au groupe des lecteurs de ma paroisse. Après mon Bac série A4 en 2019 au lycée de Tokoin I, j’ai opté pour la communication, spécialité Journalisme à l’Institut des Sciences de l’Information de la Communication et des Arts à l’université de Lomé. De ce parcours, j’ai obtenu une licence en Journalisme en 2022.
C’est alors qu’a débuté mon aventure dans la corporation. Je suis passée par des stages ici et là avant de rejoindre la radio Kanal FM où je travaille actuellement. Lors de nos stages, nous avons bénéficié des formations, et participé à des ateliers pour renforcer notre capacité dans le domaine.
Les femmes dans la corporation sont faiblement représentées comparativement aux hommes. Le journalisme est un métier résistant, un travail de fouille perpétuelle voir de veille informationnelle qui nécessite un engagement total, un investissement en temps et un travail final bien fait, ce qui est un défi pour nous en tant que jeune femme journaliste. Nous faisons de notre mieux et Dieu aidant nous allons y arriver.
Pourquoi avez-vous opté pour le journalisme ?
Mon père est un grand auditeur surtout des médias internationaux. Je me souviens encore, il est toujours scotché aux éditions du soir sur les ondes de Radio France International, et j’écoutais avec lui ces différentes voix. C’était intéressant et passionnant et j’essayais de les imiter après, devant un miroir (rire).
En ce moment ce n’était pas aussi clair pour moi que j’allais faire plus tard le métier de journalisme. Au lycée, j’étais intéressée par les sciences juridiques et c’était clair pour moi qu’ après mon Bac, je ferais le droit. Ce qui m’a poussée à m’essayer à l’art oratoire afin de préparer le terrain. Mais c’est sans compter sur ce que me réservait le destin. Après mon Bac, les séances d’orientation m’ont amenée à passer le concours à ISICA pour une formation en communication spécialité Journalisme.
Sylvie OUEDRAOGO, lauréate du prix national médias et droits humains, quels sont vos sentiments et que représente ce prix pour vous?
C’est un sentiment de joie et de fierté. À la proclamation des résultats, je n’en revenais pas. Mais je crois que c’est la récompense d’un travail acharné et cela doit continuer. Je profite de votre canal pour remercier tous ceux qui me soutiennent et qui me portent, mes parents, ma rédactrice en chef Patricia ADJISSEKU, mes confrères et consœurs notamment de Kanal FM, sans oublier mes amis. Je rends grâce à DIEU pour tout. Le chemin ne sera pas toujours rose mais nous ferons l’essentiel.
Quelle est votre motivation en postulant pour ce concours?
J’étais parti d’un constat, au Togo plusieurs lois sont adoptées en faveur de la femme, notamment le code foncier et domanial de 2018 mais malheureusement les femmes victimes n’arrivent pas à saisir la juridiction ou dans des cas récurrents abandonnent la procédure. Même si la justice est à leur avantage, la femme constitue ainsi elle-même une barrière à la lutte contre l’accès à la terre. Il s’agissait de rappeler aux femmes que la justice est là, le droit sera dit. Elles sont appelées à dépasser la peur .
Justement, la discrimination des femmes dans l’accès à la propriété foncière, c’est le sujet qui vous a valu cette distinction. Qu’est-ce qui justifie le choix de ce thème?
La terre est un bien fondamental pour tous. En Afrique, avoir une parcelle signifie beaucoup. Pourquoi la femme doit-elle subir une discrimination dans l’accès à la terre? Je crois que cela est à revoir. Travailler alors sur ce thème revient à faire la lumière sur cette discrimination pour lever les barrières.
En quoi cette problématique vous tient-elle à cœur?
C’est important pour moi car les femmes sont des êtres à part entière. Elles ont les mêmes droits au même titre que les hommes. Et quand nous voulons parler d’égalité femme-homme, nous ne devons pas perdre de vue cette problématique.
Comment envisagez-vous votre carrière de journaliste dans 5-10 ans?
Mes perspectives, devenir une journaliste spécialisée dans un domaine précis, éventuellement sur des questions de paix et sécurité avec en lien avec le genre !
Propos recueillis par Ida BADJO