Après cinq jours de formation à Lomé, un groupe de femmes venues d’une quinzaine de pays d’Afrique de l’Ouest, de la Mauritanie et du Tchad, se montrent aguerries pour faire l’agriculture autrement. Elles sont très impressionnées par l’application FeSeRWAM, découverte au cours de l’atelier organisé du 22 au 26 juillet à Lomé par le Centre international de développement des engrais (IFDC), à travers son projet Feed the Future EnGRAIS, avec le financement de l’USAID.
Evédji Beauty Lili est présidente de la coopérative des producteurs de maïs et de riz au Togo et trésorière générale de l’interprofession maïs. Elle a bénéficié des formations et expériences à cette rencontre de formation. « Cette formation a renforcé les capacités de nous les femmes cultivatrices et nous a données une nouvelle vision pour cultiver autrement. Nous avons découvert l’application FeSeRWAM (Carte de recommandation des semences et des engrais en Afrique de l’ouest) sur laquelle il y a beaucoup d’informations profitables à l’agriculteur », s’est-elle réjoui.
Si cette dernière découvre pour la première fois l’outil, tel n’est pas le cas chez Tangara Aminata Coulibaly, directrice nationale de Malimark, une Ong malienne. Elle nous décrit l’application et témoigne de son utilité. « J’ai découvert l’application pour la première fois en juillet 2021 au cours d’une rencontre à Abidjan. Sur la plateforme, on découvre différentes zones agroécologiques qui sont mises en avant. Tout ce qui concerne semence et engrais, comme bonnes pratiques agroécologiques sont tous traités sur la plateforme », a-t-elle indiqué.
En effet, un producteur ou une productrice qui ouvre FeSeRWAM, choisit sa zone agroécologique, découvre toutes les recommandations formulées par les structures étatiques. L’utilisateur peut avoir toutes les indications nécessaires pour pouvoir s’orienter et faire une bonne production avec un bon rendement en fin de campagne. « Avant chacun faisait ce qu’il voulait. Par exemple, par rapport au mil, une productrice pouvait utiliser jusqu’à 10 kilos à l’hectare et une autre, 8 kilos à l’hectare. Il n’y avait pas d’orientation spécifique mais maintenant avec FeSeRWAM, les choses sont claires et les producteurs n’ont pas besoin d’un technicien. Des informations claires et précises permettent aux productrices d’être performantes dans leur champ », a expliqué Tangara Aminata Coulibaly. Pour cette dernière, c’était un bon choix d’initier les femmes à l’utilisation de cette application. « Le début et la fin du champ c’est avec les femmes. Depuis l’installation, les parcelles jusqu’à la récolte, les femmes sont présentes. Cette formation devrait vraiment commencer par les femmes pour une meilleure décision. Il y a beaucoup de femmes dans le secteur qui ont besoin d’une grande orientation pour qu’il y ait un bon rendement et une amélioration des revenus. Une maitrise de l’application par la femme ne peut qu’être quelque chose de positive pour un meilleur développement et une amélioration nutritionnelle des familles », a-t-elle commenté.
Réponse à un défi
Développée sur le projet Feed the Future EnGRAIS de l’IFDC financé par l’USAID, FeSeRWAM permet aux producteurs d’Afrique de l’Ouest et du Sahel d’avoir accès aux différents conseils par rapport aux semences. Selon Josias Toviho, chef d’équipe composante 2 du projet EnGRAIS, l’une des solutions aux défis agricoles de l’heure, c’est FeSeRWAM . « L’application est développée sur l’ensemble des pays de la sous-région (15 pays de la Cedeao plus la Mauritanie et le Tchad) », a-t-il informé. « L’objectif de la formation est d’amener les femmes participantes, à se familiariser avec les paquets d’intrants pour qu’au retour dans leur pays respectif, s’en servir dans leurs activités quotidiennes ».
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Notons que la plateforme existe en version web ainsi qu’en version mobile. « Nous avons développé l’application mobile de la plateforme pour que même sans internet nous soyons en mesure de l’utiliser. Donc les femmes ont été formées aussi bien sur la plateforme web mais également sur l’application mobile. Elles sont outillées pour pouvoir l’utiliser et disséminer l’information », a souligné le chef d’équipe.
Associer la pratique à la théorie
Après 4 jours de formation en salle sur les pratiques innovantes en agriculture, environ une trentaine de femmes regroupées sur le projet ont fait une visite de terrain dans un champ de maïs et de tomates dans la préfecture de Bas-Mono plus précisément à Afagnagan (plus de 80 Km nord-est de Lomé). Les femmes étaient à la rencontre d’une association de producteurs spécialisés dans la production de maïs et d’autres céréales. Les échanges ont porté sur les pratiques qu’elles utilisent mais en même temps ce que la plateforme FeSeRWAM offre comme alternative pour pouvoir répondre au défi de la productivité.
Par ailleurs, les participants, au cours de la formation, ont découvert également d’autres pratiques innovantes comme les 4 B : la bonne source, la bonne dose, le bon moment et le bon emplacement. Ce dernier met également l’accent sur les principes de gestion des nutriments.
L’IFDC à travers l’initiative Feed the Future EnGRAIS met à la disposition de producteurs et productrices d’Afrique de l’Ouest et le Sahel des outils innovants pour leur permettre d’augmenter les rendements agricoles. « Ainsi, plus de 600 PIA (Paquets d’intrants agricoles) d’une vingtaine de cultures prioritaires et environ 500 variétés ont été élaborés pour apporter les informations nécessaires et fiables à travers toute la région Ouest Africaine », informe-ton.
Atha ASSAN