L’association Familles Engagées pour le Développement Inclusif en Afrique (FEDIA) a organisé ce samedi 14 décembre 2024, à la maison des jeunes d’Adétikopé, une marche blanche, suivie d’une action de plaidoyer pour demander une révision de la loi sur l’avortement au Togo.
Cette initiative vise à sensibiliser l’opinion publique et à interpeller les décideurs sur l’urgence d’une réforme législative en faveur des droits et de la santé des femmes.Il s’agit entre autres de sensibiliser l’opinion publique et les médias sur les conséquences dévastatrices de la pénalisation de l’avortement, tant sur le plan de la santé des femmes que sur le développement socio-économique du pays; dénoncer le cadre légal actuel qui, par sa répression, force des milliers de femmes à recourir à des avortements clandestins, mettant ainsi leur vie en danger et perpétuant un cycle de pauvreté et d’injustice, mobiliser les décideurs politiques pour une réforme urgente de la loi N°2007-005 du 10 janvier 2007, afin de dépénaliser l’avortement et d’aligner la législation togolaise avec les normes internationales en matière de droits reproductifs. »Nous avons remarqué dans nos sensibilisations et actions, qu’il y a beaucoup de témoignages qui font cas de jeunes filles qui sont décédées suite à des avortements non sécurisés. Nous constatons également que la majorité des femmes qui tombent enceinte à l’issue d’un viol ne savent pas que la loi les autorisent à avorter.Celles qui le savent, n’ont pas les moyens de faire le test qui prouve qu’elles ont été effectivement violées », a expliqué Tem NABROULABA, membre du collectif CLUDAT dont l’association FEDIA est également membre.
Elle a aussi fait savoir que peu importe la loi, les femmes et les jeunes filles continuent par interrompre volontairement leurs grossesses, ce qui entraîne des décès ou des séquelles à vie.
« C’est ce qui justifie notre plaidoyer à l’endroit des décideurs. Nous les exhortons à donner le droit à la jeune fille, à la femme de décider si elle veut garder sa grossesse ou pas et de dépénaliser la loi sur l’avortement. L’une des choses pour laquelle nous nous sommes également engagés,est de permettre à la jeune fille qui ne pas prouver que sa grossesse est issue d’un viol de pouvoir avorter », a précisé Tem NABROULABA.
En effet, selon l’OMS, 97% des avortements non sécurisés ont lieu dans les pays en développement avec un fort taux de morbidité. Au Togo la loi sur l’avortement est très restrictive. Il n’est autorisé que dans le cas d’une malformation grave du fœtus ou lorsque la grossesse résulte d’une relation incestueuse ou d’un viol.
Exceptées ces conditions la Loi N°2007-005 du 10 Janvier 2007 sur la santé de la reproduction prévoit un emprisonnement d’un à cinq ans et une amende de 500 000 à 1 500 000 FCFA (environ 855,54 à 2 566,61$ US).
La rencontre a ainsi permis une prise de conscience accrue des participants qui sont majoritairement des femmes et des jeunes filles sur les dangers des avortements non sécurisés et l’impact négatif de la législation actuelle sur la santé et les droits des femmes.
« Les participants ont compris le message que nous avons passé, ils ont compris que c’est très important de donner le choix à celles qui veulent avorter d’aller le faire dans un centre bien équipé pour leur survie », a affirmé Ablavi BEDOU, coordinatrice de l’association FEDIA.
Pour sa part N’BALIBA Gloria, une participante a exprimé sa satisfaction à la fin de la rencontre. »J’encourage vraiment cette initiative de FEDIA parce que dans nos société, nous remarquons qu’il y a beaucoup d’avortements clandestins.Même si on a interdit l’avortement, ça continue par se faire.Donc je pense que ce plaidoyer est une bonne lutte.Les femmes ont droit sur leurs corps », a t-elle affirmé.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des 16 Jours d’activisme contre les violences faites aux femmes ainsi que de la Journée internationale des droits de l’homme.