« La célibataire trentenaire », c ‘est le titre donné à une série de six (6) épisodes d’un podcast qui aborde la question du célibat des jeunes femmes de la trentaine d’âge. L’auteur est Lina Ketevi, animatrice radio-télé, voix off, maîtresse de cérémonie, rédactrice et actrice. La jeune femme partage son expérience personnelle de célibataire du haut de sa trentaine et attire l’attention sur tout ce que vit une femme célibataire de son âge, la pression qu’elle subit constamment, la façon dont elle est traitée et comment elle aimerait qu’on comprenne son choix ou sa situation. Lisez plutôt :
Vous avez initié un podcast intitulé « la trentenaire célibataire » pour toucher du doigt un sujet de société, le célibat notamment de la femme. Dites-nous de quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’abord de moi parce que dans le podcast je partage une expérience personnelle. Il y a déjà quelques temps que je pensais à faire un podcast. Je travaille avec la plateforme africaine d’édition de livre audio et podcast, FCAudio Édit qui m’avait proposé de faire des podcasts. J’ai tout de suite sauté sur l’occasion et le tout premier thème que j’ai choisi est celui du célibat parce que je suis dans la trentaine et je suis célibataire. Je trouve que c’est un sujet qui concerne beaucoup de femmes aujourd’hui et dont on parle très peu. Mais quand on se retrouve en groupe de femmes ayant la trentaine et célibataires, on se rend compte que toutes ressentent la pression .Je me suis dit que c’est un mal commun, partagé et beaucoup de femmes sont concernées, d’où l’intérêt que j’ai démontré pour le sujet. Il s’agit de parler de tout ce que vit une femme qui a la trentaine en étant célibataire, comment elle le vit et comment elle aimerait qu’on comprenne son choix ou sa situation.
Dites-nous alors, est-ce un crime d’être célibataire ?
C’est intéressant votre question parce que lorsque je cherchais un titre à ce podcast, le crime est venu. J’optais pour « Criminelle d’être célibataire ? » mais après j’ai finalement choisi « La célibataire trentenaire». Alors est-ce un crime ? Non, je ne le pense pas. On ne fait de mal à personne normalement. Ce n’est pas un crime, on ne devrait pas nous tirer dessus.
Vous avez commencé la diffusion de ce podcast récemment. C’est combien d’épisodes et quel est le contenu ?
Mon podcast est une série de six (6) épisodes auxquels vous avez accès en téléchargeant l’application FCAudio Édit sur Appstore ou playstore. Le tout premier épisode est disponible depuis le 02 Avril dernier, et chaque dimanche de suite un épisode passe jusqu’à ce que les six ne s’écoulent.
Quant au contenu, mon podcast est un cocktail de vérités qui s’attachent à mon statut, d’histoires personnelles vécues, dites avec ironie, humour, avec des pointes musicales car il m’arrive même de fredonner. Je parle d’abord de moi en tant qu’enfant, de ce que j’ai connu, de comment j’ai toujours imaginé le mariage. J’ai invité sur le podcast, Floriane Acouetey, sociologue specialists genre. On a discuté de l’un des contours du thème: pourquoi le célibat est mal vu dans la société. En tant que sociologue, elle a donné les raisons de cette perception négative de la société. Après je parle également des éventuels avantages du célibat de la femme parce qu’il y a des avantages et des inconvénients. J’aborde les ressentis de la femme célibataire puis les préjugés et stéréotypes. Dans cet épisode, je partage même des idées de mon père qui se prête volontier au jeu. Et pour finir, j’invite dans le sixième épisode des hommes et des femmes pour une discussion ouverte sur le sujet. Une façon de partager des idées et faire le débrief. Voilà un peu le contenu du podcast.
Pourquoi cibler la trentenaire ?
Tout d’abord parce que moi-même je suis dans la trentaine et également je pense que c’est à cet âge qu’on comprend beaucoup plus de choses. Je pense que c’est la période idéale où on doit chercher à mieux cerner ce qui arrive pour ne pas se laisser absorber par cette société qui ne comprend pas ce que l’on vit. C’est vraiment le moment de savoir qui on est.
De quoi la femme trentenaire célibataire est-elle traitée dans nos sociétés ?
C’est un des points que j’ai largement abordé dans mon podcast. Vous allez être surpris en l’écoutant, de voir à quel point de quoi on nous traite. Je vous invite à aller le découvrir. Mais pour en citer quelques un, on dira elle est orgueilleuse, égoïste, carriériste, elle est trop allée à l’école, elle est désespérée etc… Tout un tas de considérations qui les stigmatisent d’une certaine manière.
Et quelles sont les questions que l’entourage pose souvent ?
Tu te maries quand ? La principale question (rire). Personnellement, moi j’ai été tout dans le mariage des autres. J’ai été fille d’honneur, dame de compagnie, maitresse de cérémonie… Et souvent dans ces circonstances, on te demande à quand ton tour ? (rire). Tu n’as pas encore trouvé quelqu’un ? Tu n’es pas trop sélective par hasard ? Est-ce que tu es une vraie célibataire ? (Pour dire si tu as un partenaire en cachette). On te demande de faire attention parce qu’à un certain âge, ça va être difficile de trouver un mari.
Alors sommes-nous obligés de nous soumettre à la pression de la société ?
Absolument pas. C’est mon credo. On dirait que je suis un peu têtue ou radicale mais je ne suis pas du tout d’accord que ce soient les autres qui doivent m’imposer mes valeurs, ce que je dois faire et l’âge auquel je dois le faire sous peine de ne pas partager les mêmes valeurs. Ce n’est pas parce que je n’ai pas de mari à la trentaine qu’on ne doit pas me respecter. L’essentiel est que chaque personne puisse trouver son bonheur dans son choix, assumer ce dans quoi elle se sent à l’aise, ce à quoi elle s’identifie. Il y a bien des femmes au foyer qui ne jouissent pas du respect qui se doit de la part de leurs maris.
Est-ce que les normes sociales ne poussent pas des femmes à se marier dans la précipitation ?
Bien sûr, j’ai par exemple des amies qui sont au foyer mais qui ne sont pas forcément heureuses, parce qu’elles se sont mariés pour respecter les normes. Des jeunes femmes qui aiment bien leurs époux mais sous la pression de se marier vite n’ont pas considéré tous les aspects d’un engagement aussi sérieux à long terme et se retrouvent comme prises au piège. Il y en a qui souvent me disent que j’ai encore la chance de faire un choix, de ne pas me presser, que j’ai encore le temps. Et quand je les écoute, je me demande si l’essentiel est d’avoir la bague au doigt et de dire qu’on est marié ou c’est d’être heureux en couple. Certaines personnes se marient sous la pression familiale mais se retrouvent face à des situations complexes dont elles ont du mal à s’extirper. Alors, n’est-ce pas de la façade tout cela ?
Pour aller loin, je dirai que j’ai grandi dans un environnement où les deux parents s’aiment, font des choses ensemble, communiquent et pardonnent. Mais ce n’est pas le cas partout. Dans beaucoup de foyers, les gens ne sont pas heureux sauf qu’on n’ose pas en parler surtout au temps de nos mamans. C’est pourquoi les gens pensent que les générations précédentes étaient plus heureuses mais c’est faux à mon avis… Juste qu’on ne levait pas le voile sur les réalités. Beaucoup de nos mamans n’avaient pas le choix.
Est-ce à dire que c’est le côté sombre du mariage qui vous conforte dans votre choix de rester célibataire ?
Je ne pense pas que se marier n’est pas possible, par contre, c’est le choix de la personne qui est important. Je ne suis pas dans le déni du mariage, je parle du choix de la personne quitte à attendre longtemps. Le foyer doit être un lieu de repos, de quiétude et non un enfer. Oui quand je vois ce qui se passe dans les foyers, cela me conforte dans ma position de ne pas me presser et d’être méticuleuse.
Alors comment suivre le podcast?
Comme je le disais au début, c’est une coproduction, une collaboration avec la plateforme africaine de livre audio et podcast FCaudio Édit basée à Lomé dont on a accès par une application disponible sur Play store ou App store.
Tout d’abord, il faut donc télécharger l’application FCaudio Édit grâce à ce lien http://onelink.to/j4btzu.
Une fois l’application installée, vous vous inscrivez et vous avez accès à toute la plateforme. Vous sélectionnez le podcast que vous soutenez par Tmoney ou Flooz au Togo, et d’autres mobile money si vous êtes dans un autre pays africain. Vous pouvez aussi payer par carte bancaire. La série des 6 épisodes est à 1000frs CFA. Il y a un service clientèle très efficace qui reste disponible lorsque vous rencontrez des difficultés pour y accéder. Vous pouvez les contacter au +228 98 28 36 36.
Avez-vous un message à adresser aux femmes et à tous ceux qui vont vous lire ?
J’invite les jeunes femmes de la trentaine et célibataires à écouter ce podcast car beaucoup sont souvent inconfortables, désespérées par leur statut alors que cela ne devrait pas être ainsi. Il s’adresse aussi à tous: des femnes plus jeunes, plus âgées, la gent masculine aussi qui d’ailleurs a réagi positivement à l’annonce cette initiative. C’est un podcast qui éduque et nous aide à faire évoluer les mentalités.
Par ailleurs, je dirai aux femmes: mesdames, libérez-vous ! La pression n’existe plus dès le moment qu’on fait un travail sur soi et qu’on se libère soi-même de la pression du monde qui nous entoure. Vous serez tellement à l’aise quand vous vous serez libérée. La chose plus importante, c’est d’être à l’aise avec soi-même parce que nous sommes la personne la plus importante pour nous d’abord. Ce n’est pas de l’égoïsme. Juste que tant que nous ne sommes pas à l’aise avec nous-mêmes nous ne pouvons pas rayonner sur les autres. Privilégiez votre bonheur et n’oubliez pas que quoique vous fassiez, on vous critiquera. Choisissez-vous avant les autres.
Je tiens vivement à remercier l’équipe de FCaudio Édit pour le travail professionnel, pour le boost, tous ceux qui m’ont soutenu et créé de l’effervescence autour de ce projet, ma famille, mes collaborateurs proches, mes amis qui me soutiennent fortement. Tous ceux qui croient en moi et m’envoient des messages de soutien, tous mes auditeurs et futurs auditeurs, et pour finir, l’équipe de Ekina Mag pour m’avoir contactée pour parler de cette initiative à ses lecteurs.
Interview réalisée par Ida Badjo