Lors de la troisième édition du Salon du Cinéma au Féminin au Togo, une conférence-débat, portant sur les stéréotypes dans les productions cinématographiques a eu lieu le samedi 23 novembre. La rencontre a réuni professionnels, étudiants, et passionnés du septième art.
En effet, le second jour du salon du cinéma au féminin, édition 3 s’est ouvert avec une conférence-débat sur le thème « Comment les stéréotypes de genre véhiculés par le cinéma peuvent contribuer à renforcer les violences basées sur le genre : quelles pistes de solutions ? ». Cet échange visait à analyser les impacts des représentations cinématographiques de la femme sur les jeunes filles. Trois intervenants ont marqué cette session : Angela Aquereburu Rabatel, productrice et réalisatrice, Anoumou Amekudji, enseignant chercheur, journaliste et critique littéraire et de cinéma et Agbodji-koudjigue Afi, facilitatrice à Plan international Togo et spécialiste genre.
Ces derniers ont essentiellement rappelé l’ampleur des scènes qui cristallisent les stéréotypes dans les films à travers les rôles qui sont dévolus à la femme. Ces rôles selon eux, « renvoient aux spectatrices, un modèle que la société attendrait d’elles ». Ce sont des clichés à combattre pour mettre en avant les efforts fournis de plus en plus par les femmes pour s’épanouir.
Productrice et réalisatrice, Angela Aquereburu a insisté sur la réalité des productions : « il existe beaucoup de films très engagés sur ces questions sauf qu’ils sont moins connus du public puisqu’ils intéressent moins. Les films commerciaux sont les plus consommés malheureusement car les producteurs cherchent à rentabiliser leurs films même si la dénonciation y est plus subtile ».
Les discussions ont révélé l’urgence de développer des productions locales valorisant des modèles féminins positifs tout en mettant fin à l’hyper sexualisation ou à la marginalisation des femmes dans les récits cinématographiques.
Par ailleurs, à la suite du débat, a eu lieu un meet up, réunissant autour de la table des professionnels du 7ème art qui ont expliqué au public en quoi consiste leur métier.
Autour du thème ‘’A la rencontre des métiers du cinéma’’ Arlette AJAVON, scripte de profession, Florencia AMOUSSOU, Directrice de production et Nelly ANGY, régisseuse ont partagé leurs expériences avec le public.
Cette session a permis de mieux découvrir le monde du cinéma et les opportunités d’employabilité.
Chimène AKPAH, la promotrice du salon s’est dite satisfaite de la rencontre qui a encore permis de rappeler aux professionnels du cinéma que les films comme vecteurs de messages devraient participer au processus de déconstruction des mentalités. Pour elle, les stéréotypes sont fréquents dans les productions cinématographiques. Cela a forcément un impact sur celles qui consomment les films. Il est important de mener une réflexion ensemble pour voir comment « donner une nouvelle éducation au consommateur autre que ce à quoi on est habitué » affirme-t-elle.
Ce projet ambitieux est soutenu par des organisations telles que Plan International Togo, l’Union européenne, et plusieurs acteurs du secteur audiovisuel togolais et africain.
Représentant la délégation de l’union européenne au Togo à cette journée de réflexion, Paolo Salvia a suivi avec intérêt les échanges. « Dans la perspective de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, nous avons jugé bon de soutenir ce salon car le cinéma est un bon canal pour passer des messages. Une meilleure utilisation de cet outil pourrait énormément contribuer à changer les choses. Les échanges qui ont eu lieu ont été intéressants ».
Le Salon du Cinéma au Féminin s’impose comme une plateforme essentielle pour promouvoir un cinéma togolais voir africain inclusif. En ciblant les jeunes et les professionnels, il vise à déconstruire les préjugés et à bâtir une industrie où les femmes ont une place équitable, tant devant que derrière la caméra.
Le Salon s’est déroulé du 22 au 24 Novembre 2024.
Emile AGBASSINOU