Que fait cette professionnelle de santé en blouse rose dans les formations sanitaires, appelée « sage-femme » ? Quel est son quotidien ? Quelles sont les difficultés qu’elle rencontre? Mme Améyo TONYIKÉ, Sage-femme en parle avec EkinaMag. Elle partage également ses souvenirs depuis qu’elle exerce le métier et s’est en outre prononcée sur la politique nationale en matière de l’élimination de la mortalité maternelle et néonatale. Aujourd’hui, c’est la journée internationale de la sage-femme, célébrée chaque 5 Mai.
Que fait cette professionnelle de santé en blouse rose dans les formations sanitaires ?
La professionnelle de santé en blouse rose, c’est la sage-femme. C’est cette personne que les togolaises appellent « maman » dans les formations sanitaires. Elle assiste la femme durant tout le processus de la grossesse et de l’accouchement. Elle appuie aussi la femme dans le développement de l’enfant et dans la planification des naissances.
Décrivez-nous votre quotidien
Au quotidien, la sage-femme est au côté des femmes pour les consultations natales. Elle est à leurs côtés lorsqu’il y a des complications de grossesse. Elle est au côté de la femme lors de l’accouchement depuis le début du travail jusqu’à la sortie de la maternité. Elle aide au quotidien la femme à donner la vie. Elle prend soin de la femme qui accouche et du nouveau-né. Lorsqu’on doit faire une césarienne à la femme, elle est aux cotés des chirurgiens pour la préparer physiquement et psychologiquement dans le cadre de cette opération.
L’élimination de la mortalité maternelle et néonatale est aujourd’hui une grande priorité. Au Togo, qu’est ce qui est fait dans ce sens?
Au Togo, l’élimination de la mortalité maternelle et néonatale fait objet d’une campagne que nous appelons la CARMA (Campagne d’Accélération et de Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique). C’est une politique pour accompagner la femme sur toute l’étendue du territoire et qui vise à réduire la mortalité maternelle et néonatale. Nous pouvons aussi dire que l’État donne des formations de bases pour renforcer les capacités des sages-femmes afin qu’elles puissent faire face aux obstacles et difficultés. Il y a également le programme « WEZOU ». Le mot signifie « le Souffle de Vie » en kabye, l’une des langues locales du Togo. WEZOU est un programme gouvernemental visant à garantir la gratuité des soins maternels essentiels pour toutes les femmes enceintes. C’est une nouvelle approche de l’Etat pour réduire la mortalité maternelle et néonatale. On peut donc dire que l’État togolais fait beaucoup mais il reste encore à faire.
Le ratio sage-femme-femmes en âge de reproduction recommandé par l’UNFPA est d’une sage-femme pour 3000 alors qu’au Togo ce ratio est d’une sage-femme pour 14000. Comment arrivez-vous combler ce gap?
Dans les normes comme vous l’avez bien dit, il faut une sage-femme pour 3000 femmes mais au Togo, il y a une sage-femme pour 14000 femmes, ce qui démontre qu’il y a surcharge. Travailler dans ces conditions est donc difficile. Pour améliorer cette situation, il faut que l’Etat recrute des sages-femmes que lui-même, il forme et qu’il mette à leur disposition du matériel afin qu’elles fassent bien leur travail.
Quels sont problèmes auxquels sont confrontées les sages-femmes du Togo?
Nous sommes confrontées à de nombreux problèmes. Le problème du personnel. Que ce soit dans les formations sanitaires urbaines ou périphériques, le personnel est insuffisant. Comme souligner plus haut, l’Etat doit augmenter le recrutement en dotant les maternités du nombre de sages-femmes qu’il faut. Les maternités manquent aussi des produits de première nécessité et les produits d’urgence. S’il faut par exemple sauver une personne dans un choc d’hémorragie, il faut lui transfuser du sang alors qu’il n’y a pas de banques de sang disponibles dans nos maternités. Il faut courir de gauche à droite et malheureusement certaines femmes décèdent ainsi, alors qu’on veut réduire la mortalité maternelle. Je pense que l’Etat doit revoir ce côté pour soulager les maternités.
Parlez-nous de vos souvenirs depuis que vous êtes sage-femme
Mes meilleurs souvenirs, ce sont ces moments où nous arrivons réanimer des enfants en détresse respiratoire puis que nous avons été formées pour cela. C ‘est toujours une preuve de satisfaction pour moi. L ‘autre chose, c’est quand on arrive à gérer l’hémorragie après l’accouchement et également c’est lorsqu’on arrive à déceler à temps les complications de la femme et on agit en lui sauvant la vie.
Depuis plus d’une décennie, le 5 mai est dédié à la Sage-Femme. Cette journée est l’occasion de mieux découvrir le métier de la sage-femme, rendre hommage aux femmes (et aux hommes) qui le pratiquent et montrer leur importance au sein de la société. C’est à juste titre que le webmagazine EkinaMag a tendu son micro à Mme Améyo TONYIKÉ, Sage-femme de profession, prestataire de services, formatrice nationale en technologie contraceptive et responsable de la santé jeunes adolescents à la Direction préfectorale de la santé dans le Golfe.
Réalisé par Ida BADJO