Cette semaine, nous partons à la découverte de Akou Rose TSEBI, une jeune femme togolaise très inspirante. Du haut de ses 24 ans, Rose Tsébi est consultante Business Analyst, auteure, coach et PDG de la structure Rose Company. Partie en France en 2018 pour des raisons d’étude, son séjour ne s’est pas effectué dans les meilleures conditions. Elle est orpheline et aucun membre de sa famille ne réside en France. Mais aussi, elle était enceinte de deux mois. Comment a-t-elle fait pour s’en sortir en terre étrangère avec une grossesse et concilier vie quotidienne et étude ? Dans une interview accordée à EkinaMag, elle parle de son aventure et courage, de son livre « N’abandonnez jamais », de sa présence sur les réseaux sociaux, son entreprise et ses projets.
Bonjour ! Présentez-vous brièvement à nos lecteurs ?
Je suis Akou Rose TSEBI, j’ai 24 ans, je suis togolaise et je réside en France. Je suis Consultante Business Analyst et en parallèle je suis coach, autrice et la PDG de la structure Rose Company. Je suis mère célibataire d’un petit garçon de 3 ans.
Vous avez plusieurs flèches à votre arc, laquelle de vos passions vous définit au mieux ?
Je suis polyvalente j’avoue, j’interviens dans les domaines d’activités qui me plaisent et qui me permettent également d’atteindre mes objectifs dans la vie. Mais ce qui me passionne le plus, c’est le fait d’écouter les besoins de mes clients, leurs projets et pouvoir les accompagner jusqu’à leurs réalisations.
« N’abandonnez jamais », c’est le titre d’un livre que vous avez récemment publié. Racontez-nous l’histoire cachée derrière cet ouvrage et expliquez-nous le message que vous voulez passer à la société ?
Effectivement, mon ouvrage « N’abandonnez jamais » a été publié officiellement le 15 décembre 2021 aux Editions Baudelaire. En réalité, le choix de ce titre m’a pris des mois car au début je n’avais aucune idée du titre que j’allais donner à mon ouvrage. « N’abandonnez jamais » est d’abord un appel que je me lance à moi-même et ensuite à tous les lecteurs et lectrices de cet ouvrage. C’est une sorte de motivation, persévérance, résistance, enfin de croyance et confiance en soi.
Vous avez fait le choix de placer vos mots dans un livre, dites pourquoi cette option alors que vous pouvez l’exprimer par d’autres canaux, le cinéma par exemple ?
Alors, j’ai toujours adoré lire depuis mon jeune âge. Les livres ont toujours été mes meilleurs amis et je peux vous avouer que je suis le produit des livres que j’ai lu et je deviendrai encore une meilleure personne à travers les livres que je lirai.
Par ailleurs, la crise de la COVID-19 a été le facteur clé de cette initiative. Le premier confinement débuté en mars 2020 a suscité en moi des réflexions, des questions qui me revenaient incessablement : Allons-nous survivre de cette pandémie ? Qu’est-ce que le monde retiendra de nous ? Et pour ma part en essayant de répondre à ces questions, j’ai décidé de marquer mon existence en écrivant. C’était une sorte de confession que je me faisais.
Pourquoi vous avez décidé de partir à l’étranger?
Depuis mon jeune âge, j’ai toujours eu ce désir ardent de voyager dans le but de découvrir d’autres cultures et aussi d’acquérir d’autres connaissances. Après ma licence en économie internationale en 2017 à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) à l’université de Lomé, j’ai voulu me lancer dans la vie professionnelle. J’ai donc décidé de faire un stage dans une banque à Lomé. Après mon stage, j’ai demandé à ce qu’on m’embauche mais ma demande a été rejetée pour motif que j’étais trop jeune pour travailler à la banque. Je me suis donc lancée dans d’autres activités par la suite. Du marketing de réseau en passant par la vente du carburant dans une station d’essence. J’ai fini par livrer des sacs de gingembre que ma mère produisait à Badou à des revendeuses à Atikpodji vers le grand marché. J’avoue que j’étais devenue une sacrée Business woman. Quelque temps après, un de mes supérieurs à la banque m’a conseillé de poursuivre mes études. J’ai pris en compte ses conseils et après maintes réflexions, j’ai décidé de poursuivre mes études. J’ai pris connaissance de la procédure Campus France à travers une connaissance et j’ai tenté ma chance. Heureusement, j’ai eu une admission. Après l’obtention d’un visa étudiant, je suis partie en France en 2018.
Arrivée en France, vous devez composer avec une grossesse et les études. Comment en êtes-vous sortie, toute seule loin de la famille, quand on sait que vous êtes orpheline et mère célibataire ?
J’avoue que ça n’a pas été chose facile. Dans mon ouvrage « N’abandonnez jamais », je vous partage toute l’histoire sur ma grossesse et ma vie de mère célibataire étudiante. Pour résumer, je dirai que quand on a « un pourquoi fort », toutes les difficultés et obstacles se présentent comme des opportunités nous permettant d’atteindre nos objectifs. Je vais finir avec cette citation tirée de « N’abandonnez jamais » qui dit ceci : « Tout ce qui nous arrive dans la vie n’est pas l’effet du hasard. Quand vous traversez des moments difficiles dans votre vie, soyez heureux de les traverser car ces épreuves vous permettent de grandir. »
Parvenir à créer sa propre entreprise loin de sa terre natale, quelles sont vos grandes difficultés ?
J’avoue que ça n’a pas été facile. Mais quand la volonté y est et surtout quand on s’entoure de bonnes personnes que j’appelle souvent mes “chargeurs de batterie”, tout devient faisable. Je dirai aussi que quand on est une rêveuse pragmatique comme moi, on transforme les difficultés en solutions.
Vous êtes très active sur les réseaux sociaux, quel impact ces nouveaux outils exercent-t-ils sur vos activités ?
Sincèrement les réseaux sociaux ont joué un rôle capital dans mes activités. Ils constituent un moyen de communication très efficace et sûr pour moi. J’ai utilisé les réseaux sociaux pour développer mon business en ligne de vente de produits cosmétiques, de santé et de bien-être. Grâce à ces outils de communication, j’ai réussi à trouver mes collaborateurs dans mon entreprise et également mes premiers clients en coaching. En résumé, j’ai trouvé tous mes clients, connaissances à travers les réseaux sociaux et je continuerai à les utiliser pour développer mes activités et projets en cours.
En visualisant vos posts vidéos, on remarque quelque chose d’intéressant : vous ne partagez que des éléments instructifs et vous parlez également du développement personnel. Il faut nous en dire plus?
Je choisis mes thèmes à travers mes lectures (sur le développement, l’entreprenariat et les finances personnelles), mes recherches sur les questions d’actualités sur internet, mes intuitions, mes expériences personnelles et aussi à travers les échanges avec mes collaborateurs, proches et les membres de ma famille. Par ailleurs, je les choisis également à travers les sujets développés par mes mentors (Oprah winfrey, Michelle Obama, Robert Kyosaki, Marie Forleo) et d’autres personnes qui m’inspirent sur les réseaux sociaux.
Quelle compréhension avez-vous du féminisme ?
Pour moi, le féminisme est avant tout la science qui étudie les mœurs, valeurs et capacités intellectuelles des femmes. Être féministe, c’est se dire qu’une femme a les mêmes droits que les hommes, qu’elle est prête à occuper les mêmes postes et responsabilités que les hommes et surtout qu’elle est capable de s’assumer financièrement, émotionnellement, mentalement et physiquement.
Envisagez-vous des projets pour votre pays d’origine le Togo ?
Bien évidemment. La première chose qui m’est venue à l’esprit depuis que j’ai posé mes pieds en France était de mettre en place un système d’affaires au Togo afin d’aider les jeunes à avoir plus d’opportunités, à développer leur propre business et surtout à être indépendant. J’ai déjà commencé à poser les bases et à relever de petits défis mais je suis consciente que j’ai du pain sur la planche.
Quelles sont vos ambitions à moyens termes ?
Mes ambitions à moyen terme constituent à respecter mes engagements que j’ai pris envers mes proches et collaborateurs. Mon entreprise Rose Company est en pleine essor et je souhaite l’élargir en installant une filiale à Lomé. Actuellement je travaille sur un projet dans le domaine du luxe et du retail (les produits cosmétiques et des produits de bien-être). Et pour finir, j’ai prévu de faire une conférence à Lomé d’ici la fin de l’année pour échanger et partager avec la jeunesse sur les expertises entrepreneuriales et les grands défis à relever.
Merci à EkinaMag
Interview réalisée par Hélène DOUBIDJI