Cette semaine, EkinaMag vous présente une autre femme qui balaie les clichés sexistes. Du haut de ses 22 ans, Rebecca ATTIOGBE est conductrice de grue en formation. La jeune femme exerce à des dizaines de mètres de hauteur. Une profession qu’elle a décidé d’embrasser après l’obtention de son Bac et une année de droit à l’université. Dans ce corps de métier, on ne voit quasiment que des hommes.
D’un air très décontracté, la jeune femme explique le pourquoi de son choix. « J’ai commencé par conduire les engins lourds depuis 2021. J’ai eu le BAC littéraire en 2019, ensuite j’ai fait une année de droit privé à l’université de Lomé mais je me suis rendue compte que l’université n’était pas faite pour moi, je trouvais cela ennuyeux. C’est là que j’ai commencé ma formation de conduite d’engins de chantier comme la grue et le charriot », informe -t-elle.
Décrivant son métier, elle affirme que cela consiste « à faire le chargement et le déchargement des marchandises des conteneurs, à faire en hauteur des travaux de construction et de démolition…
Au début, c’était une proposition de son père qui rêvait de voir sa fille évoluer dans ce secteur. Plutôt réticente au prime abord, Rebecca finira par se laisser convaincre et va vite tomber sous la fascination de ce métier « passionnant » mais visiblement réfractaire pour les femmes.
Elle affirme : « Moi-même, je voulais me lancer dans l’armée ou dans le stylisme, vu que je suis aussi mannequin mais mon père m’a proposée, la conduite des engins lourds. Je n’avais pas accepté tout suite mais après j’ai consenti et je découvre que c’est très passionnant ».
Très vite, encouragée par sa famille et l’ambiance très conviviale qui règne dans son lieu de formation, la grutière trouve sa marque dans ce monde très masculin. Dans un endroit où il faut se battre pour convaincre de sa détermination et de sa capacité à réussir lorsqu’on est une femme, Rebecca est décidée à aller jusqu’au bout.
« Je me donne corps et âme à ce travail. Depuis deux ans que j’y suis, je ne regrette pas d’avoir accepté ce choix de mon père. Beaucoup de personnes sont fascinées de voir une femme exercer ce métier même si certains estiment que ma place est ailleurs. Il y a des gens qui me demandent ‘’pourquoi tu ne fais pas la coiffure, pourquoi tu ne fais pas la couture ? Certains estiment qu’une femme n’a pas la force de faire ce genre de boulot. Or, c’est un métier qui exige plus d’intelligence que de force physique », argumente-t-elle, avant de poursuivre : « cela ne m’affecte guère ces propos. Surtout que je suis encouragée par ma famille et qu’au boulot, je me sens en famille», dit-elle, très enthousiaste.
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Malgré sa détermination, Rebecca doit composer tout le temps avec la misogynie de l’univers très masculin dans lequel elle évolue et le regard de certaines personnes sur son métier. « Il y a des clients qui refusent que je décharge leurs marchandises parce que je suis une femme. Certaines filles aussi trouvent également que le métier est sale puisqu’au travail, on doit être en tenue avec des gants et taché d’huile à moteur. Cela peut paraître sale mais c’est juste pour travailler. Après, quand je me rends propre, je reprends une autre allure. J’ai une famille qui compte sur moi, je dois donc travailler pour apporter de l’aide aux autres et aussi m’épanouir. Et ce métier est prometteur. En fin de compte chacun à sa passion et l’essentiel, c’est que je suis passionnée par ce que je fais. »
Le chemin est tout tracé pour la conductrice de grue qui sait dorénavant ce qui lui reste à faire pour relever le défi de s’épanouir dans un corps de métier où elle est « en mission pour faire changer les mentalités ».
Ce portrait est le deuxième d’une nouvelle série de huit (8) portraits, lancée par le webmagazine EkinaMag, portant sur le thème « halte aux clichés, elles évoluent dans un domaine dit masculin ».
Seyram kossivi