L’Ambassadeur de l’Union européenne au Togo, M. Joaquin Tasso-Vilallonga, s’est rendu ce dimanche 10 décembre 2023 à Kpalimé pour visiter le Centre d’écoute des victimes de Violences Basées sur le Genre du Groupe de réflexion et d’action, Femme, Démocratie et Développement (GF2D). Cette visite vient clôturer les 16 jours d’activisme lancés par l’équipe Europe au Togo, dans le cadre de la campagne mondiale contre les violences faites aux femmes et aux filles. La Journée internationale des droits humains, le 10 décembre cette année marque également le 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
La promotion et la protection des droits humains est l’un des fondements de l’Union européenne. A ce titre, elle s’engage à défendre ces droits partout dans le monde. Depuis le 25 novembre, la représentation au Togo a lancé une vaste campagne dénommée « Je dis stop à toutes les violences faites aux femmes et aux filles » qui s’est déclinée par une série d’activités de sensibilisations contre les violences faites aux femmes et aux filles notamment à travers des émissions radios et des messages, portés par des personnalités publiques.
Le déplacement de l’ambassadeur de l’Union européenne, M. Joaquin Tasso-Vilallonga, à Kpalimé pour rencontrer et écouter les victimes des violences faites aux femmes et aux filles du centre d’écoute du Groupe de réflexion et d’action, Femme, Démocratie et Développement (GF2D) se situe dans le cadre de cette initiative.
Mise en place depuis le 1er février 2023, le centre d’écoute du GF2D est l’un des six centres du groupe disséminés à travers tout le territoire national à savoir Bafilo, Atakpamé, Kpalimé, Tsévié, Kara et Lomé. En 20 ans, le centre a accueilli et accompagné des milliers de victimes de violences ; hommes, femmes et enfants. Un accent particulier est mis sur les violences faites aux femmes et aux filles.
Le centre est animé par des bénévoles ayant reçu une formation de parajuristes et qui effectuent des visites à domicile, sensibilisent via des émissions radios, visitent les écoles, églises, groupes folkloriques, ateliers d’apprentissage et chambres des métiers. Ces bénévoles sont souvent sollicitées par les leaders communautaires et religieux pour des causeries sur les VBG. Toute personne peut se diriger vers ce centre pour recevoir conseils, médiation et soutiens. Pour cela, le centre dispose d’un réseau de médecins, psychologues auxquels, il peut faire appel en cas de besoin.
Le travail fait par le centre est dense et très utile pour la population qui y trouve de l’aide facilement. C’est le cas de Adjo, qui doit le retour de la paix dans son couple, aux bénévoles du centre :« j’étais tout le temps battu par mon mari qui ne voulait pas voir ma fille obtenue d’un précédent mariage. Cela a crée une tension dans le foyer et c’était tout le temps disputes et bagarres. Finalement, je suis venue vers les bénévoles du centre qui m’ont écoutée et soutenue. Elles ont également écouté mon mari et ont fait un effort de médiation et d’accompagnement. Aujourd’hui, nous sommes toujours ensemble et les abus et violences de sa part se sont arrêtés. Ce centre fait un merveilleux travail », déclare-t-elle.
Le travail c’est bien aussi l’interpellation des auteurs de violences pour les conscientiser et les amener à abandonner les comportements préjudiciables. Le nommé Koffi était très violent avec sa femme et la frappait au point où celle-ci avait voulu un jour mettre un terme à sa vie. Ce fait a créé une grosse panique chez lui et il a décidé de chercher de l’aide pour corriger son attitude. Il fait alors appel au centre et son foyer a retrouvé la sérénité après un accompagnement régulier. « Je ne frappe plus ma femme car je me suis rendu compte de tout le tord que je lui faisais. Au centre j’ai appris la patience, la maîtrise de soi. Je ne sais pas où en serait notre couple actuellement si les bénévoles du centre n’étaient pas intervenues. Je continue de les remercier pour le dévouement et l’assistance » a-t-il confié.
Le travail abattu par le centre apprécié par l’ambassadeur de l’UE
Des témoignages des victimes sur des abus et violences subis et l’intervention salvatrice des bénévoles du centre ont ému l’ambassadeur de l’UE qui s’est exprimé sur l’importance pour l’union européenne de soutenir des initiatives allant dans le sens d’apporter la justice et le respect des droits humains dans les communautés. Il affirme : « J’ai beaucoup apprécié la sincérité et la façon pour ces personnes de partager leur vécu très douloureux, des situations qui ne laissent personne insensible. C’est bien qu’elles arrivent à en parler car beaucoup n’ont pas le courage de le dire. Qu’elles soient écoutées, appuyées et accompagnées par ce centre est une bonne chose. Ma présence ici en ce jour est une manière de témoigner notre reconnaissance aux organisations de la société civile et notamment au GF2D pour son travail au profit des femmes et des filles ».
L’ambassadeur a souligné l’opportunité de cette rencontre qui témoigne de l’intérêt de l’Union Européenne à être proche de celles qui vivent des situations de violences et à contribuer à l’élimination de certaines pratiques à l’égard des femmes.
Joaquin Tasso-Villalonga, a également tenu à partager ses impressions aux termes des activités des 16 jours d’activisme qui prennent fin avec cette visite.
« C’est la première fois que nous nous sommes embarqués dans une campagne d’envergure avec des débats publics à l’université de Lomé, des émissions radios, des messages des personnalités publiques. On n’a pas encore dressé un bilan en bonne et due forme mais je pense déjà que cette campagne a été vraiment positive. Je suis satisfait de l’engagement des uns et des autres et de l’implication de l’équipe pour qu’on en a arrive là. Les prochains jours, nous essayerons de dégager le bilan et voir ce qui a marché et ce qu’il faudra encore faire pour améliorer. », a souligné l’ambassadeur.
La responsable du centre, Mme ADJANGBA Afi Edjona pour sa part a remercié l’ambassadeur pour son déplacement avant de présenter les activités du centre qui, au-delà de l’écoute et de l’accompagnement, consistent aussi à former les femmes en activités génératrices de revenus pour apporter une solution aux violences économiques que certaines subissent.
« Au centre, les bénévoles sont des parajuristes et nous aidons les personnes qui viennent vers nous à trouver une solution à leurs problèmes divers. Mais nous manquons de ressources humaines surtout. Et cela nécessite la formation des plus jeunes pour prendre la relève. Il nous faut également un cadre plus approprié pour le travail, l’actuel n’étant pas une propriété de notre structure. Plus de soutien serait bénéfique pour pérenniser nos actions et renforcer les acquis » a plaidé l’hôte.
Au demeurant, dans ce centre le mécanisme de suivi est essentiellement l’écoute des parties prenantes pour tenter une médiation. La plupart des cas, les bénévoles parviennent à restaurer la paix et la sécurité. A défaut et au cas où la situation l’exige, les personnes sont référées à la justice pour faire face à la loi. D’où une franche collaboration avec les autorités locales.
« Violences contre la conjointe ou le conjoint, refus de grossesse, problème de succession au décès du conjoint lorsque la famille du mari veut tout reprendre, répudiation, escroquerie, abandon de foyers, voilà les problèmes majeurs qui nous arrivent. Nous n’arrivons pas à tout régler mais nous faisons de notre mieux. Le centre est ouvert de lundi à vendredi pour accueillir toute personne », a confié Mme ADJANGBA Afi.
La visite a pris fin dans une ambiance conviviale et les promesses de l’ambassadeur de remonter les doléances pour une éventuelle proximité de l’Union européenne.
A noter que la secrétaire générale du GF2D, Mme Michèle NOUSSOESSI AGUEY était présente avec une délégation de la structure.
Seyram kossivi