Si les femmes sont de plus en plus présentes dans l’industrie du cinéma, elles sont assez souvent victimes de discriminations, reflet des inégalités hommes et femmes dans la société. SIMFEYEDJOWA Banorafi, actrice, productrice et réalisatrice togolaise, connue sous le nom de scène Carole SIM dépeint les actes sexistes qui se logent dans ce secteur.
Selon la productrice, les hommes ont plus de chance que les femmes de décrocher des contrats de production. « Quand il s’agit de répondre à un appel d’offre, la maison de production de mon confrère sera appréciée que la mienne parce qu’on suppose que les hommes sont censés mieux connaître sur les caméras et la lumière que moi. Pourtant, j’ai eu l’opportunité de coproduire avec des maisons en France et en Belgique », affirme Carole SIM qui dénonce le fait que certaines structures censées viser l’autonomisation de la femme, perpétuent les stéréotypes.
La jeune femme réalisatrice poursuit, en décrivant la façon dont les femmes qui embrassent un milieu comme le sien sont perçues. « Une femme productrice ou journaliste qui est devant les médias est taxée de prostituée. Une femme qui veut faire carrière dans le milieu de l’actorat est considérée comme une femme aux cuisses légères. Ce type de violence à la fois verbale et psychologique sévit dans le domaine. Et j’en ai été victime », relate Carole SIM.
Pour cette dernière, les réseaux sociaux qui doivent aujourd’hui être un canal par lequel les jeunes femmes peuvent parler de leurs activités et dénoncer les violences qu’elles subissent dans leurs différents secteurs, sont devenus également un lieu où la femme ne se sent pas en sécurité. « Vous ne pouvez pas imaginer ce qu’une jeune femme peut endurer quand elle décide de s’affirmer sur les réseaux sociaux. Des gens passent leur temps à nous insulter, à nous diminuer, à nous agresser verbalement, à nous demander d’aller nous marier ou encore d’aller à la cuisine et cela fait fuir beaucoup de femmes qui ne veulent pas s’afficher sur les réseaux sociaux », déplore la réalisatrice qui montre à partir de son propre exemple que les réseaux sociaux sont pourtant importants pour promouvoir ses activités, si on en fait un bon usage. Elle témoigne : « mon dernier film a été coproduit par TV5 Monde, c’est grâce aux réseaux sociaux. Je n’ai pas utilisé les réseaux sociaux pour m’exhiber ou me trémousser. Je les ai utilisé efficacement ».
Parlant des violences faites aux femmes dans la société de façon générale ainsi que leurs conséquences, l’actrice affirme : « une femme victime de violence sexuelle se sent sale. J’en ai fait l’expérience et je sais de quoi je parle. Une femme qui est violentée sexuellement a honte de sa famille, fuit la famille et fuit la maison. Une femme violentée par son collègue, violentée par son supérieur fuit le boulot, j’en ai fait l’expérience. Une femme violentée par son pasteur ou par son prêtre fuit l’église ». « Vers qui devons-nous nous tourner », se demande-t-elle, avant de poursuivre que les femmes qui subissaient les violences sexuelles sont « détruites » de l’intérieur mais n’arrivent pas à en parler pour cause culturelle.
Carole SIM a fait ses premiers pas dans le Cinéma en 2011 entant qu’actrice. Au nombre des difficultés qu’elle a rencontrées à ses débuts, elle évoque le manque de figure de réussite féminine dans son domaine. La jeune femme a joué dans plusieurs courts et longs métrages togolais et ivoiriens. En sa qualité de productrice et réalisatrice, son dernier film intitulé « AU PORTAIL DE LA RAISON » met en avant des femmes dans le milieu de l’art notamment des femmes productrices d’émissions, réalisatrices, scénaristes. Son prochain film qui s’intitule « LA GUERRE D’HORREUR » parle des stéréotypes dans le milieu du journalisme.
Hélène DOUBIDJI