Elles se retrouvent généralement enceintes alors qu’elles sont en apprentissage ou sur les bancs d’études. Les filles mères souvent abandonnées par leur partenaire sont pour certaines aussi reniées par la famille. Elever et s’occuper seule d’un enfant devient alors un parcours de combattant, surtout aujourd’hui où le quotidien rime avec la vie chère. Reportage !
C’est en classe de première que Léti, 16 ans, contracte une grossesse indésirée. Mécontentés, ses parents ne voulaient plus la voir à la maison. De même, ses oncles et tantes « sont fâchés contre elle ».
« Tu te retrouves dans une situation où personne ne prend de tes nouvelles. Tu deviens une honte pour la famille », affirme la jeune maman, dont le partenaire, aussi élève ne reconnait pas la grossesse. Les parents de ce dernier estiment que leur enfant n’en est par l’auteur.
Léti est alors contraint d’arrêter l’école et enchainer les petits boulots pour s’occuper seule de sa grossesse jusqu’à l’accouchement, ensuite se battre pour nourrir sa fille.
Tâche qui n’est pas du tout facile pour la jeune mère. Elle regrette : « c’est très compliqué sur tous les plans surtout financier. Il y a des jours où tu peines à trouver de quoi manger. Si ton enfant est malade, il n’y a pas d’argent pour l’amener à l’hôpital. Tu te débrouilles avec les remèdes de grand-mère. C’est quelque chose que je n’aimerais plus revivre ».
De son côté, Meheza, « trompée » par un homme marié raconte son histoire comme suit : « j’ai arrêté l’école et je travaillais dans un bar. C’est là que j’ai rencontré le père de mon enfant. Ce denier m’a proposé d’apprendre un métier. Il m’a donc inscrit dans un salon de coiffure, loué une chambre et prenait tout en charge. A peine la formation commencée, je suis tombée enceinte et c’est là que mon cauchemar a commencé. C’est en ce moment que j’ai aussi appris que le monsieur était marié et a des enfants. Il m’a demandé d’avorter la grossesse. Suite à mon refus, il a complètement disparu. C’est grâce à ma patronne que j’ai pu payer les frais de consultations prénatales et tous les besoins liés à l’accouchement. Aujourd’hui, c’est difficilement que j’arrive à payer des couches à mon enfant. À cela s’ajoutent les frais du loyer. Mais Dieu veille sur nous. Mon enfant aura 08 mois bientôt. »
La galère, la misère, le regard accusateur de l’entourage sont le quotidien de ces filles mères. Viviane, mère d’un garçon de 08ans mis au monde dès son jeune âge le résume bien : « il faut accepter de faire de petits boulots comme le ménage, le lavage des habits, le balayage de rue etc… La garde de son enfant constitue une autre difficulté. Même si tu as des parents qui te soutiennent ce n’est pas facile. Au cas contraire, c’est encore pire. Etre seule et tout assumer chaque jour et sur tous les fronts, c’est vraiment usant ».
De la déception des parents
Kouma, père de famille, estime que c’est la déception qui amène certains parents à abandonner leur fille une fois qu’elle tombe enceinte. Selon lui, « les parents ont un plan de vie pour leur enfant et si la fille contracte une grossesse alors qu’elle n’a pas terminé ses études ou son apprentissage, les parents sont déçus. Et certains renvoient leur enfant de la maison, ce qui n’est pas la meilleure option car on peut aider cet enfant à reconstruire sa vie ».
Aux jeunes filles, le cinquantenaire conseille de se concentrer sur leur étude ou d’aller au bout de leur apprentissage, commencer par travailler, trouver un partenaire de vie, avant de chercher à devenir mère. Et aux hommes, il leur demande d’éviter d’enceinter précocement les filles et les abandonner.
Ecrit par Justine TCHODIE