Ex responsable programme et de subvention au fonds féministe d’Afrique « XOESE », elle a conduit la campagne internationale « Je m’engage » pour douze (12) pays d’Afrique dans le cadre du forum génération égalité tenu en 2021 à Paris. A Plan International Togo, Reyhanath TOURE MAMADOU est coordonnatrice de projet et travaille avec les seize (16) communes de la région des savanes malgré le contexte d’insécurité, sur la gouvernance participative et inclusive afin de créer un environnement favorable pour les droits des filles et des personnes handicapées pour une décentralisation plus inclusive. L’Association TCHOWOURE dont elle est Directrice exécutive commence un projet sur la Santé Sexuelle et Reproductive (SSR) et les Violences Basées sur le Gene (VBG) dans le cadre du projet « Féministes en action », financé par l’Agence de Développement Française par le biais de Care International Benin-Togo. Qui est alors Reyhanath TOURE MAMADOU, cette jeune dame qui s’engage autant sur les questions de femmes ?
Tout la prédestinait à une vie qui se résume au mariage et au foyer. Musulmane de religion, Reyhanath TOURE MAMADOU est née et a grandi dans un milieu où la place de la femme est généralement reléguée au rôle de reproduction. Pendant son enfance et à l’âge adulte, elle a été victime d’abus dont les abus sexuels, exercés par des membres de sa famille. Des situations qui l’ont poussées à s’insurger très tôt contre les injustices sociales à l’égard des femmes et ce qu’elles vivent autour d’elle.
Son combat a commencé depuis les bancs où elle s’est engagée dans les clubs de son établissement afin de s’exprimer par le canal de sketch. Ce qui lui a permis d’être coordinatrice des clubs francophones de la région centrale où elle a fait sa scolarité. A l’époque, elle animait également des émissions radio qui motivaient les jeunes filles à aller de l’avant dont les émissions deviyo-bé-radio.
Après l’obtention de son diplôme de baccalauréat, Reyhanath TOURE a dû quitter la région centrale pour rejoindre Lomé, la capitale togolaise afin de poursuivre les études supérieures. Arrivée à Lomé, parallèlement à ses études, la jeune femme a fait une demande à la télévision deuxième afin d’être chroniqueuse sur un sujet de motivation des femmes dans une émission dénommée « CARREFOUR BUSINESS ». A la même période, elle militait aussi dans des associations.
En 2016, avec quelques amies engagées, Reyhanath TOURE MAMADOU mettra sur pied l’association Life Style Women empowerment devenue aujourd’hui TCHOWOURE regroupant plus de 150 jeunes filles et femmes étudiantes, élèves, apprenties et travailleuses de toutes sortes sur toute l’étendue du territoire. Elle a aussi initié le projet « FashionEcos », une plateforme qui aide les coiffeuses, couturières et vendeuses de friperies à mieux utiliser leurs téléphones portables pour faire leur business mais aussi à mieux écouler leurs produits afin d’avoir une autonomie financière. Ce projet avait regroupé tous les syndicats de coiffeuses, couturières et stylistes.
Plusieurs autres initiatives à son actif
De l’organisation de la première rencontre des féministes du Togo à la création de la première webTV féministe d’Afrique ReyhaTV, en passant par la mise sur pied d’un programme de formation et coaching des jeunes filles et femmes dénommé « le Train Des Championnes » , Reyhanath TOURE MAMADOU ne manque pas d’idées quand il s’agit d’œuvrer pour le bien-être de la femme.
Parlant de son parcours, il est par ailleurs important de le relever qu’elle a été élue jeune femme leader 2017 lors du sommet National du Leadership de la Femme. Dans ce cadre, elle a formé de Lomé à Dapaong, des jeunes filles sur la confiance en soi, l’estime de soi, la responsabilité de vie, le développement des activités génératrices de revenus.
En 2018, la jeune femme a été contactée par le comité d’Impactfull Women Award au Ghana pour recevoir un prix pour l’impact qu’elle crée dans sa communauté.
Soutenir les survivantes à se relever, l’autre défi de Reyhanath TOURE
Accompagner sur le plan juridique et psychologique d’autres survivantes des violences basées sur le genre, c’est l’un des objectifs que s’est assigné Reyhanath TOURE, soutenue par ses amies féministes togolaises. A cet effet, un cadre d’écoute des survivantes anonymes fut créé en 2020.
« C’est une lutte volontaire que nous menons. Des organisations existent et essaient de faire de leur mieux mais parfois il n’y a ni confidentialité, ni sécurité des victimes. Les procédures s’il faut saisir la justice exigent des moyens que les victimes n’ont généralement pas. Mes amies et moi essayons de les aider avec nos propres moyens », détaille-t-elle.
Au nombre des femmes qu’elle a accompagné et soutenu, elle cite les exemples d’une jeune fille au bord du suicide suite à la publication de ses photos nues sur les réseaux sociaux parce qu’elle a dit non à un homme et d’une dame qui violée, il y a 19 ans, a eu un enfant issu de ce viol et n’arrive pas à se reconstruire.
« Chaque jour, je demande à Dieu de mettre dans ma bouche les mots qui peuvent soutenir, encourager, donner l’espoir et motiver toute personne qu’il mettra sur mon chemin », implore la militante féministe,
Pour cette dernière, l’idéal serait d’avoir un centre d’accueil pour ces victimes, un centre où elles sont aidées juridiquement, psychologiquement et mentalement dans un environnement loin de leur bourreau avant de se réinsérer et reprendre le cours de leur vie. « Ce serait plusieurs vies soutenues », dit-elle.
Rachel DOUBIDJI