Sur les routes de Lomé, elle ne passe pas sans attirer les regards. Slalomant avec dextérité dans les embouteillages, Odette Koudjoukalo Kaliwa est l’une des rares femmes à s’intéresser au métier de taxi-moto. Une activité qu’elle exerce « temporairement » pour joindre les deux bouts.
Odette Kaliwa fait du « Zémidjan ». Elle assume ce choix depuis environ 9 mois, dans un milieu où la conduite reste un métier d’hommes.
Comme bon nombre de conducteurs de taxi-motos, la jeune femme s’est lancée dans cette activité, suite aux difficultés à trouver de l’emploi.
Elle relate : « j’ai fait une formation en électricité au Nord du pays, avant de venir m’installer à Lomé. Arrivée ici, il est très compliqué de trouver du travail. J’ai donc eu l’idée dans le temps d’exercer dans une institution de micro-finance entant qu’agent de tontine et par la suite j’ai entrepris de petits commerces mais rien n’allait. Ce qui m’a amené à réfléchir et prendre la décision de faire du taxi-moto pour survivre et payer des dettes que j’avais ».
C’est ainsi, qu’elle a demandé des renseignements, puis effectué des démarches auprès d’une société de taxi-moto de la place. Les tests requis étant réussis, Odette Kaliwa est acceptée à travailler avec la dite structure.
Un métier difficile mais pas impossible pour Odette
Déjà à 6 heures du matin, cette femme à la corpulence imposante débute sa course pour ne terminer qu’aux environs de 21 heures, avec une pause à midi.
Selon elle, le métier est difficile. Néanmoins, cela lui permet de subsister. « Ce n’est pas du tout facile mais avec ce travail, j’ai pu quand même payer mes dettes et je me suis dite que j’ai assez perdu du temps. Mon objectif actuellement, c’est de faire des économies avant de passer à autre chose ».
Le métier de taxi- moto c’est-à-dire le « transport de personne sur deux roues à titre onéreux », a gagné le Togo entre 1992 et 1993 au moment de la grève générale illimitée. Communément appelé « zemidjan », le secteur qui regorge de milliers togolais est dominé par les hommes.
Socialement, les rares femmes qui s’y adonnent ne sont pas bien vus. Elles doivent affronter les préjugés.
«Beaucoup sont étonnés de voir une femme conduire un taxi moto. Dans mon environnement proche, ceux à qui j’ai dit que je voulais faire du taxi-moto, ont catégoriquement refusé. Pour eux, c’est inadmissible. Un jour, ils ont tous découvert que je conduis du taxi-moto. Actuellement ce sont les mêmes personnes qui me félicitent », fait savoir, la conductrice de taxi-moto.
Avant de poursuivre : « quand je suis en circulation, certains par peur refusent de monter chez moi. Il faut que je les rassure d’abord. Mais après la course, ils sont généralement contents. Si je ne maitrise pas la moto, je n’allais pas rentrer dans ce secteur. Déjà, lorsque j’étais agent de tontine, j’utilisais la moto pour faire la collecte. Donc je ne suis pas novice dans ce domaine ».
Des conseils de la « zemidjan woman » aux femmes
A ces femmes qui veulent embrasser un domaine dit masculin et qu’elles hésitent, Odette Kaliwa les encourage à se lancer car dit-elle, aucun métier n’est pas l’apanage des hommes.
« Il n’y a pas d’emploi exclusivement réservé aux hommes. Souvent quand on veut faire quelque chose, on regarde trop autour de nous, c’est ce qui nous nuit. Si vous vous sentez aptes et capables à faire quelque chose, faites-le ».
Ecrit par Hélène DOUBIDJI