Depuis le 28 avril 2023, Ayawa’s, marque sociale engagée pour le bien être des filles en milieu rural, a lancé une campagne dénommée « SanG’Honte » afin de sensibiliser sur la menstruation et la précarité menstruelle. L’initiative vise à déconstruire les mythes sur les menstruations et attirer l’attention de tous sur l’importance de l’utilisation des protections hygiéniques appropriées pour préserver une bonne santé. Pour savoir plus sur la campagne, EkinaMag s’est entretenu avec Ayawa ALOGNON, responsable de la marque Ayawa’s.
Veuillez-vous présenter à nos lecteurs!
Je suis Ayawa ALOGNON, entrepreneure et sociale preneure .Je suis engagée dans la sensibilisation et la lutte contre les mentalités et tabous liés à la menstruation.
« SanG’Honte », pourquoi un nom aussi évocateur avec une orthographe particulière pour une telle campagne ?
SanG’Honte écrit avec la lettre « g » à la place du dernier « s » renvoie au sang de la menstruation que la femme évacue. Pour nous, il est important de mettre ce sang en lumière pour montrer qu’on n’a pas honte de ce sang qui sort de la femme chaque mois.
En quoi consiste cette campagne et quelles sont les activités inscrites au programme ? ?
Cette campagne est faite dans le cadre de la journée internationale de l’hygiène menstruelle célébrée chaque 28 Mai. L’objectif de la campagne est de lutter contre les mythes et tabous que les gens se font de la menstruation. Depuis longtemps, on ne parle pas de ces mythes et tabous. La parole n’était pas libérée. On n’a pas le droit de dire « j’ai mes règles ». Beaucoup de femmes n’ont vraiment pas la connaissance sur l’hygiène menstruelle et ignorent qu’elles vivent dans une précarité menstruelle.
Au nombre des activités, il y a une campagne digitale menée sur les réseaux sociaux pour sensibiliser sur la question. Nous allons également organiser une rencontre qui est reportée .
Au-delà de la campagne digitale et de la rencontre, la campagne « SanG’Honte » prévoit des kits menstruels que nous offrons à des jeunes filles surtout en milieu rural pour leur permettre d’avoir des serviettes réutilisables. L’idée est de promouvoir l’utilisation de ces serviettes réutilisables puisque cela diminue le coût et contribue à la sauvegarde d’un environnement sain.
Est-ce que vous sensibilisez les filles sur l’entretien de ces serviettes réutilisables puisque c’est un aspect important ?
Le kit menstruel que nous distribuons est composé d’un lot de serviettes hygiéniques réutilisables, un guide menstruel et un détergent. Le guide explique le processus du cycle menstruel, comment utiliser ces serviettes, comment les protéger, comment éviter de les infecter, pourquoi il faut les changer, bref toutes les informations utiles sont dans le guide menstruel. Le kit ne se vend pas, c’est un produit d’Ayawa’s. Nous avons d’autres produits que nous vendons, ce qui nous permet de fabriquer ces kits et de les donner gratuitement.
Que devons-nous comprendre par précarité menstruelle ?
Beaucoup de femmes aujourd’hui n’ont pas accès aux protections hygiéniques pour avoir une hygiène saine durant le cycle menstruel. D’autres n’ont pas accès aux sanitaires pour se changer ou à l’eau pour se nettoyer. Certains sont obligés d’utiliser des papiers hygiéniques lors de leurs menstruations, ce qui n’est pas toujours bien pour la santé selon les spécialistes. Plus grave, il y en a qui utilisent des papiers journaux et d’autres types de protection inappropriés. La précarité menstruelle, c’est cette situation de manque dans laquelle se trouve la femme lorsqu’elle a ses règles.
Pouvez-vous nous citer quelques-unes de ces protections sanitaires appropriées?
Il y a des serviettes hygiéniques, la culotte menstruelle, les tampons qu’on retrouve dans les pharmacies et autres endroits. Traditionnellement en Afrique, on utilisait des tissus en pagne, aujourd’hui, il y a des entreprises qui fabriquent des serviettes en tissu qui sont réutilisables.
Pourquoi selon vous, parler de la menstruation est un sujet tabou en Afrique ?
C’est général, partout quand on parle de menstrues, on assiste à des réactions singulières. Par exemple tout comme en Afrique, en Asie, dans certaines communautés, une femme en menstruation est considérée comme impure relativement à certains mythes religieux qui considèrent la femme qui a ses règles comme sale. C’est la religion et les sociétés patriarcales qui soutiennent cette conception.
Les zones rurales vous tiennent vraiment à cœur
Oui, dans les zones rurales, les filles n’ont pas un revenu conséquent et les conséquences de l’inflation sont beaucoup plus manifestes en ces zones. Du coup, elles sont plus touchées par la précarité. Les grossesses précoces, les infections et autres les rendent plus vulnérables et elles ont plus besoin de soutien.
Si vous avez un message à l’endroit des potentiels partenaires, que leur diriez-vous ?
Mon premier cri va à l’endroit des entreprises et des structures qui pourront financer des dons de serviettes hygiéniques dans des écoles et universités afin de permettre aux filles de s’en procurer sans rien payer. Mon second cri s’adresse aux associations de femmes qui sensibilisent sur cette thématique. Nous les invitons à être à nos côtés pour qu’on puisse toucher beaucoup de zones surtout les plus reculées afin d’atteindre nos objectifs.